L’étoile mystérieuse
Le 19 avril 2006
Théorisant à fond, Axelle Ropert se livre à une étonnante expérience et pose les bases d’un univers cinématographique décalé, forcément décalé.
- Réalisateur : Axelle Ropert
- Acteurs : Lou Castel, Serge Bozon
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
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– Durée : 45 mn
Théorisant à fond, Axelle Ropert se livre à une étonnante expérience et pose les bases d’un univers cinématographique décalé, forcément décalé.
L’argument : Un tailleur écoute une petite radio le jour, un petit professeur le soir. Le tailleur n’a pas grand-chose à dire. Normal, il attend le retour de Jean-Jacques Rousseau, le premier folk-singer français.
Notre avis : La bande a encore frappée. Il faut dire qu’ils prennent leur temps, espaçant soigneusement chaque attentat cinématographique. Ils provoquent le plus souvent des réactions antagonistes. Pédant ou prenant, parfois les deux. Le signe des grands, quelque part. Une chose est sûre, il ne font rien comme les autres et leur radicalisme détonne dans le paysage timoré du cinéma d’auteur français.
Qui sont-ils ? Les complices de La lettre du cinéma, revue confidentielle dont les rédacteurs passent un à un à la réalisation. Principal fait de gloire : la sortie, il y a trois ans, de Mods, drôle d’objet théorique sur fond de garage rock. Soit un cinéma d’une extrême rigueur où se retrouve un plaisir du cadre, de la composition que l’on croyait éteint avec le début des années 80. Et de quoi parlent-ils donc ? De choses insignifiantes, ou presque. De solitude ordinaire, de maladies imaginaire, de complots de chambre. Bref, un vrai cinéma de dandy cultivant avec soin une légèreté grave. Un cinéma n’ayant pas grand-chose à raconter, mais le faisant comme personne.
Il y a quelques mois, à l’occasion du festival Paris tout court, nous vous parlions du collectif Diagonale, où quelques critiques et théoriciens ont eu l’occasion de se faire la main. On retrouve cette même effervescence, cette même envie de cinéma chez les rédacteurs de La lettre du cinéma qui, à force de courts et moyens métrages, commencent à tracer les contours d’un univers parallèle, fait de lignes claires et d’artificialité assumée, de couleurs vives, de références communes (Rivette, pour la plus évidente), et d’un amour certain pour une littérature qui va, grossièrement, de Diderot (pour Mystification, le plus faible du lot), aux écrivains fin de siècle. Une littérature précieuse qui ne les empêchent pas d’injecter de la modernité à coup de partis pris esthétiques.
Etoile violette, télescopage spatio-temporel sans pareil, se propose de nous raconter l’histoire d’un tailleur solitaire qui, sa journée de travail finie, suit un étrange cours du soir. Le thème : la solitude de Jean-Jacques Rousseau. N’ayant aucun message à faire passer, le scénario est avant tout prétexte à un troublant exercice de style, où la caméra, éternellement fixe, s’amuse à traquer la solitude de ces personnages qui, forte profondeur de champ oblige, semblent se fondre dans l’environnement, sans jamais parvenir à s’en extraire. Exception faite de trois longs travellings, sur fond de folk neurasthénique, où la caméra se livre à des mouvements de virtuose. Quand les images se mettent à s’animer, après tant de statisme, c’est toujours un peu troublant. Etoile Violette joue de cette émotion primaire comme le ferait un magicien : l’astuce est connue, mais il n’est rien de plus doux que de se laisser emporter. Pour spectateurs complices, uniquement.
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