Le 24 août 2021
Un long métrage attachant sur la souffrance d’une jeune adolescente. Axelle Ropert trouve le ton juste et se montre subtile dans sa direction d’acteurs.
- Réalisateur : Axelle Ropert
- Acteurs : Léa Drucker, Philippe Katerine, Grégoire Montana-Laroche, Jade Springer, Chloé Astor
- Genre : Comédie dramatique, Teen movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h25mn
- Date de sortie : 2 février 2022
- Festival : Festival de Locarno 2021
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Résumé : Solange a treize ans. C’est une toute jeune adolescente d’aujourd’hui, pleine de vie et de curiosité pour l’avenir, avec quelque chose de spécial : elle est sentimentale à l’excès, et adore ses parents. Un jour, ses parents se disputent, se fâchent, commencent à s’éloigner – la mésentente surgit. Tandis que l’ombre du divorce se précise, Solange voit son monde se fissurer. Alors elle va s’inquiéter, réagir, souffrir, bref y croire encore. C’est l’histoire d’une jeune ado trop tendre qui voudrait une chose impossible : que l’amour jamais ne s’arrête.
Critique : Petite Solange est le quatrième long métrage en tant que réalisatrice d’Axelle Roppert, ex-journaliste aux Inrockuptibles, révélée en 2009 avec La famille Wolberg. On retrouve d’ailleurs le même dispositif à la fois littéraire et filmique, avec toujours pour cadre une famille de la classe moyenne supérieure, dont l’un des membres révèle ses failles et angoisses. C’est autour d’une jeune fille de treize ans qu’est axé le présent long métrage, un âge de la vie que l’on dit difficile, où se mêlent rites d’initiation, nouvelles espérances et désillusions en rapport avec l’innocence de l’enfance et la dureté du monde des adultes. Solange a pour avantage d’être née dans une famille aimante, et de surcroît tant diplômée qu’à l’abri des besoins matériels. Sa mère (Léa Drucker) est une comédienne certes peu connue, mais qui s’épanouit au sein du troupe à succès. Son père (Philippe Katerine) est propriétaire d’un atelier qui répare des instruments de musique. Comme son grand frère, sur le point de suivre un cursus d’étudiant à Madrid, Solange a connu une scolarité sans problèmes, bien intégrée dans son collège de centre-ville, sans aucun rapport avec les établissements filmés dans De bruit et de fureur ou Entre les murs.
- © 2021 Aurora Films. Tous droits réservés.
Mais quand elle surprend ses parents en train de se disputer à plusieurs reprises, Solange voit son petit monde idéal se fissurer, tout en refusant d’admettre l’évidence : la séparation parentale est imminente. Sans être autobiographique, le scénario est inspiré de l’expérience personnelle de la réalisatrice, qui avait mal vécu le divorce de ses parents. Mais Axelle Roppert a souhaité rendre son propos plus universel, son cas et celui de son jeune personnage n’étant pas isolés. Elle tient ainsi à préciser dans le dossier de presse : « Ça ne m’intéressait pas du tout de raconter mon histoire, moi j’aime la fiction ! Quand j’écrivais mon film, j’ai découvert l’existence de nombreux forums où des enfants de parents divorcés, devenus adultes, partageaient leur expérience. C’était très émouvant de comprendre que, quelles que soient les classes sociales, les mêmes traumatismes d’abandon, de rupture d’un monde, de destruction, de tristesse, perdurent, même à l’âge adulte ». La réalisatrice évite cependant les pièges du film à thèse, et l’on ne saurait assimiler son œuvre à un plaidoyer contre le divorce, cherchant à culpabiliser les couples concernés.
- © 2021 Aurora Films. Tous droits réservés.
Elle contourne aussi le chantage aux sentiments, par un dispositif très sobre, même si le goût pour le mélodrame classique est assumé, ce que révèle notamment la musique lyrique de Benjamin Esdraffo, qui a signé la bande originale. Les cinéphiles apprécieront par ailleurs les multiples références (fugaces) qui émaillent le métrage, de l’amie espagnole prénommée Carlotta à l’affiche de L’incompris dans la salle du cours d’italien, en passant par le passage Pommeraye qu’emprunte Solange, lors de ses déambulations dans les rues de Nantes. Le film doit également beaucoup au jeu de Jade Springer, dont il s’agit de la première apparition à l’écran. Elle traduit à merveille ce mélange de détermination et de fragilité lié à son personnage, dans la lignée de Jean-Pierre Léaud dans Les quatre cents coups ou Charlotte Gainsbourg dans L’effrontée. Mais tous les autres interprètes sont remarquables. En dépit de quelques clichés dans les dialogues (les séquences en classe) et de moments un brin maniérés, Petite Solange est un très agréable long métrage qui confirme le talent de son auteure. Il a remporté le Prix Jean-Vigo 2021.
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