Jeux interdits
Le 14 novembre 2021
Un regard juste et émouvant sur la fin de l’enfance, avec Les 400 coups, Truffaut devenait le porte-drapeau de la Nouvelle Vague.
- Réalisateur : François Truffaut
- Acteurs : Jean-Pierre Léaud, Jacques Monod, Claire Maurier, Guy Decomble, Albert Rémy, Claude Mansard, Pierre Repp, Henri Virlojeux, Georges Flamant
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution, Carlotta Films, MK2 Distribution, Cocinor
- Editeur vidéo : Carlotta Films, MK2 Video
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 25 octobre 2024 22:45
- Chaîne : France 5
- Reprise: 8 décembre 2021
- Date de sortie : 3 juin 1959
- Festival : Festival de Cannes 1959
Résumé : Antoine Doinel est un jeune garçon de treize ans. Il habite aux environs de la place de Clichy, dans un petit appartement inconfortable, entre sa mère, Gilberte, une femme maussade qui ne l’aime pas, et l’homme qui lui a donné son nom mais n’est pas son père, un être falot qui pourrait l’aimer s’il n’était si inconsistant. Avec l’âge, Antoine supporte de moins en moins cette situation et rêve d’un avenir meilleur. Il découvre bientôt les joies de l’école buissonnière avec son ami René, rentre tard, essuie sans broncher les remontrances de ses parents et, un jour, enfin, pour excuser une absence en classe, annonce que sa mère est morte...
Critique : Les 400 coups, c’est se donner l’occasion de se (re)plonger avec délice dans l’une des filmographies les plus prestigieuses du cinéma français. C’est logiquement que nous avons entamé il y a quelque temps notre rétrospective avec Les 400 coups, premier long métrage et premier succès pour François Truffaut, alors uniquement réputé pour sa plume virulente aux Cahiers du cinéma.
En 1957, ce futur réalisateur envisage un film à sketches sur l’adolescence. Le cinéaste en a en effet assez de voir les jeunes réduits dans le "cinéma de papa" à des rôles secondaires de loustics rigolos. Il veut creuser, montrer le douloureux passage que peut représenter la puberté vers l’âge adulte. Parmi ces sketches figure La fugue d’Antoine. Il y raconte juste une portion du long métrage que l’on connaît : l’école buissonnière, le mensonge ("Ma mère est morte !"), et la nuit passée à la belle étoile. Mais Truffaut sait qu’il peut approfondir un peu plus le sujet. Il s’adjoint les services du romancier Marcel Moussy pour transformer cette anecdote en véritable scénario de long métrage. La fugue d’Antoine devient dès lors Les 400 coups, récit largement autobiographique sur l’enfance malheureuse.
"Il y avait longtemps que ce sujet m’occupait l’esprit, expliqua Truffaut. L’adolescence est un état reconnu par les éducateurs et les sociologues, mais nié par la famille, les parents. Pour parler le langage des spécialistes, je dirai que le sevrage affectif, l’éveil de la puberté, le désir d’indépendance, le sentiment d’infériorité sont les signes caractéristiques de cette période. Un seul trouble entraîne la révolte et cette crise est appelée justement d’"originalité juvénile". Le monde est injuste donc il faut se débrouiller : et on fait les quatre cents coups."
Comme Antoine Doinel, François Truffaut n’est pas un enfant désiré par sa mère. Comme lui il est le cancre de la classe pour lequel l’école buissonnière représente la seule échappatoire. Enfin comme son personnage fictif, il a grandi dans le Pigalle d’antan, en a fréquenté les cinémas, et a passé un séjour dans un camp de redressement pour adolescents difficiles. En dépit de toutes ces similitudes, François Truffaut ne sombre pas pour autant dans le sentimentalisme. Il préfère porter un regard neutre sur sa jeunesse. Il s’en remet beaucoup à Jean-Pierre Léaud, véritable alter ego du réalisateur, dont la gouaille et le sens de l’improvisation apportent énormément à l’entreprise.
Avec Les 400 coups, François Truffaut signe un chef-d’œuvre désenchanté sur une époque douloureuse. De son désir de traiter l’enfance avec justesse, il s’approche de la forme du documentaire, jouant avec la sobriété du cadrage et de la lumière - ce parti pris lui vaudra le Prix de la mise en scène à Cannes. Truffaut pose un regard universel sur son passé dans lequel tout le monde peut retrouver une bribe de vérité. Les 400 coups est dédié au critique de cinéma André Bazin, père spirituel et affectif de Truffaut, décédé le premier jour du tournage du film.
Le DVD
Mk2 éditions, pour le premier titre de sa collection "François Truffaut", a rassemblé de nombreux suppléments. Cela va des images d’archives de Jean-Pierre Léaud porté en triomphe à Cannes, à un portrait sous forme d’entretien du cinéaste, en passant par les commentaires de Robert Lachenay, ami d’enfance de Truffaut. A noter par ailleurs la présence des Mistons, le premier film officiel du réalisateur, un court métrage de 17 minutes sur des gamins nîmois.
– Edition 1 DVD
– Format image 2.35
– Format vidéo 16/9 compatible 4/3
– Audio français mono
– Sous-titres anglais
– Tous publics
– Coffret DVD ou Blu-Ray "Les aventures Doinel" : réédition le 1er décembre 2021 chez Carlotta
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Blablablanne 28 octobre 2004
Les 400 coups - François Truffaut - critique
Je me souvenais des 400 coups comme d’un très joli film. Je n’en avais quasiment retenu que les anecdotes marrantes et le phrasé Léaud. J’avais l’âge de Doisnel et le cineclub télé était mon nirvana.
Je l’ai revu, pour la première fois au cinéma. Je ne m’attendais pas à ça, à cette émotion turbulante qu’on n’a que face à un chef d’oeuvre. Et devant un film aussi douloureux que vivant. Avec en prime ce sentiment magique de voir naître un cinéaste en même temps que son film. Et un acteur.
Revoyez les 400 coups au cinéma.
Jamais un film découvert à la télé n’a autant pris sa vraie dimension sur grand écran