Le 23 avril 2003
- Festival : Le Printemps de Bourges 2003
Tous les ans à la même époque, le même scénario se répète dans les rues de Bourges, avec l’ouverture du Printemps. La ville devient bicéphale et deux pôles antagonistes réapparaissent.
Quand la ville de Bourges devient bicéphale...
D’un côté, il y ceux qui "subissent" le festival : sur le coup de 17h30-18h00, ils ont fermé les volets (surtout s’ils habitent un rez-de-chaussée), ont obstrué par un moyen quelconque tout espace susceptible de pouvoir loger un véhicule devant chez eux, et ont réglé le poste sur France 3 Région Centre, histoire, quand même, d’entendre c’qui disent du Printemps à la télé. De l’autre côté, il y a ceux, heureusement plus nombreux, qui "profitent" du Printemps : encouragés par le beau temps, ils ont sorti les chaises en plastique et prennent l’apéritif sur le trottoir tout en saluant régulièrement le passage de hordes de festivaliers, ils font une ballade en famille qui empruntera forcément les allées de stands itinérants installés dans la ville, et, s’ils sont commerçants et un peu malins, ils ont obtenu une dérogation leur permettant une ouverture plus tardive (et plus lucrative sans doute).
D’une manière ou d’une autre, tous les regards et toutes les promenades convergeaient hier soir vers les Rives d’Auron et plus précisément vers le Phénix, sorte de Zénith escamotable (5 500 places, dont une partie assises en gradins) qui accueillera tout au long du festival les principales têtes d’affiche. Et c’est le show numérique et ultra-politisé des anglais de Massive Attack qui a ouvert les débats hier soir : 1h45 durant, un écran numérique géant nous abreuvera d’informations et de statistiques socio-économico-culturelles (nous apprenant par exemple le montant des dépenses en barbelés aux USA depuis le début de l’année) ou de questions et slogans ("le monde est-il plus sûr maintenant ?", "kill Bush"), le tout sur un fond sonore devenu soudain plus agressif et vivant que sur les disques du groupe. Car l’impression que laisse au final cette tentative de subversion à grande échelle, c’est que 3D, capitaine courage du vaisseau Massive Attack, est maintenant bien plus préoccupé par ses récents engagements anti-guerre et anti-mondialisation que par sa musique, suivant ainsi l’exemple d’un Bono ou d’un Bob Geldof, au grand dam de la majeure partie des fans de la première heure.
Heureusement, il existe des remèdes pour se remettre de de pareille fantaisie pyrotechnique : rien de tel, par exemple, que le concert intime et chaleureux proposé par le troubadour électro norvégien Erlend Oye, dont l’improbable charisme et les chansons délicates (à moitié improvisées sur place) ont conqui une cinquantaine de curieux ayant trouvé le chemin du 22 Est-Ouest, rendez-vous nocturne obligé du festival. Et on espère bien vivre un autre grand moment d’intimité et de grâce ce soir, avec la prestation solo et acoustique de Beck.
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