Sur la route
Le 8 novembre 2012
Shimizu célèbre encore une fois les superbes paysages de la péninsule d’Izu dans cette déambulation drôle et émouvante qui évite la rhétorique du mélodrame.
- Réalisateur : Hiroshi Shimizu
- Acteurs : Isuzu Yamada, Kumeko Urabe, Yatarô Kurokawa, Chōko Iida, Musei Tokugawa, Nijiko Kiyokawa, Yoshiko Tsubouchi, Reiko Miyagawa
- Genre : Mélodrame
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h23mn
- Titre original : 母情 (bojô)
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– Sortie au Japon le 28 juin 1950
Shimizu célèbre encore une fois les superbes paysages de la péninsule d’Izu dans cette déambulation drôle et émouvante qui évite la rhétorique du mélodrame.
L’argument : Dans un bus un peintre dessine le visage d’une jeune femme endormie. Projetant d’ouvrir un bar avec une associée celle-ci essaye de placer ses trois enfants, tous de père différent, auprès de membres de sa famille. Son frère accepte de prendre la petite fille, la plus jeune, bien qu’il ait déjà six enfants. La fille de son oncle veut bien s’occuper du cadet. Mais personne ne veut de l’aîné qui a la fâcheuse habitude de mouiller son lit.
La mère décide de se rendre chez son ancienne nourrice qui habite sur un col éloigné. En cours de route ils croisent encore une fois le peintre ainsi qu’une troupe d’acteurs ambulants.
Notre avis : Dans ce magnifique fleuron du haha-mono (film de mère), genre très prisé dans le Japon des années d’après-guerre où de nombreuses veuves devaient assurer seules leur subsistance et celle de leur famille, Hiroshi Shimizu sait tenir l’émotion à juste distance en évitant la mièvrerie et en accordant toute leur dignité à des personnages d’enfants, en particulier ce grand garçon dont la propension à mouiller encore son lit à dix ans est source de plusieurs gags qui font sourire sans verser dans la complaisance et l’humour facile (en particulier un audacieux plan final face aux ciel étoilé que peu d’autres auraient osé et surtout réussi à faire passer avec une telle évidence joyeuse).
- 母情 (bojô) - Hiroshi Shimizu 1950
Les adultes ont droit à la même attention, à commencer par cette mère pas si indigne qui aimerait bien se débarrasser de son encombrante progéniture, le cinéaste ne les instrumentalisant pas, ne les jugeant pas, mais les accompagnant avec une sympathie évidente. Aucun n’est idéalisé ni héroïsé, ni ne cherche à faire la leçon aux autres (beaux personnages du peintre évidemment amoureux mais inconstant, du frère paysan indolent ; de l’oncle ; de la vieille femme accompagnant la troupe de comédiens ambulants pour s’occuper de sa petite fille ; de la nourrice).
Il choisit d’esquisser seulement les conflits (l’arrivée de l’associée jouée par une Izuzu Yamada totalement dépouillée d’attributs de star) et de ne pas faire monter artificiellement la tension dramatique en maintenant de bout en bout un rythme de déambulation paisible au gré de saynètes amusantes et émouvantes qui lui permettent de célébrer une fois encore la beauté des paysages montagneux de la presqu’île d’Izu (comme dans ce plan sublime où la caméra avance vers la gauche en filmant, en contrebas les personnages avançant eux vers la droite sur la route en lacets) et de renouer avec bonheur avec l’esprit de certaines de ses plus belles réussites d’avant-guerre.
En effet le film débute dans un bus comme Monsieur Merci et la partie centrale se déroule, comme La femme et les masseurs et Le peigne, dans un hôtel de station thermale où la tranquillité des pensionnaires est régulièrement troublée par les inévitables invasions de groupes bruyants d’écolières ou de retraités.
Non, décidément Hiroshi Shimizu, dont c’est semble t-il le 149ème film (sur un total de 166, entre 1924 et 1959 !), n’avait pas perdu la main et savait toujours se mettre sur la route avec ses personnages et nous bouleverser en douceur sans recourir à la rhétorique du mélodrame.
- 母情 (bojô) - Hiroshi Shimizu 1950
- 母情 (bojô) - Hiroshi Shimizu 1950
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