Le 10 décembre 2024
Où est passé le Steve McQueen de Hunger dans ce long métrage au style télévisuel qui accumule guimauve et invraisemblances ? Une déception malgré quelques passages musicaux qui relèvent le niveau.
- Réalisateur : Steve McQueen
- Acteurs : Stephen Graham, Saoirse Ronan, Kathy Burke, Harris Dickinson, Benjamin Clementine, Paul Weller, Elliott Heffernan
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Piece of Magic Entertainment France
- Durée : 2h00mn
- VOD : Apple TV
- Date de sortie : 9 novembre 2024
L'a vu
Veut le voir
Résumé : L’épopée de George, un garçon de neuf ans vivant à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale et que sa mère Rita envoie se réfugier dans la campagne anglaise. Mais George, déterminé à retourner chez sa mère et son grand-père Gerald dans l’est de Londres, se lance dans une aventure extrêmement dangereuse, tandis que Rita, folle d’inquiétude, se lance à sa recherche.
Critique : Après Occupied City, passionnant documentaire et vaste méditation sur la mémoire, on attendait avec impatience le retour de Steve McQueen à la fiction. On pouvait par ailleurs être surpris de la sortie commerciale en catimini de Blitz, les 9 et 10 novembre 2024 uniquement, avant une diffusion sur la plateforme de VOD Apple TV+, alors que tant de produits anodins encombrent les grands écrans. Le visionnage du long métrage permet de comprendre ce traitement. Coproduit par la firme à la pomme, Blitz est une œuvre mineure dans la filmographie du réalisateur. Comment le cinéaste des puissants Hunger, Shame et 12 Years a Slave a-t-il pu écrire un scénario et signé une mise scène aussi conventionnels ? Même l’élégant mais inégal polar Les veuves lui est supérieur. Pourtant, le scénario avait de quoi séduire.
- © Apple TV+
De 1940 à 1941, de nombreuses villes anglaises sont bombardées par l’aviation allemande. Rita est une jeune mère de famille qui vit avec son père musicien et George, son petit garçon métisse qu’elle souhaite mettre à l’abri. Comme d’autres enfants, George doit rejoindre une destination sécurisée. C’est pourquoi, à l’instigation des autorités, il est mis dans un train qui doit le conduire dans une zone rurale. La première demi-heure est franchement pénible par son accumulation de pathos et de bons sentiments, et la suite devient presque grotesque avec l’aller-retour ferroviaire de George, qui saute d’un train en marche ou voyage sur le toit d’un autre, avec la même bravoure physique qu’un personnage de Spielberg ou de la franchise Mission : impossible. L’amour improbable entre sa mère et un jeune artiste noir, et les situations de racisme qui en découlent, sont traitées avec la même finesse que celle déployée par Yves Boisset dans Dupont Lajoie.
- © Apple TV+
Et bien qu’il soit compréhensible que Steve McQueen soit attaché à ce sujet, on peut en déplorer la teneur quelque peu anachronique, d’autant plus que cela l’éloigne du traitement des horreurs de la guerre urbaine et ses effets sur une micro-communauté, axe central du film. Le traitement télévisuel de l’ensemble et la répétition des procédés (plans aériens sur la ville) ne permet guère de relever le niveau d’une œuvre académique dont on ne retient que deux passages musicaux et une scène audacieuse de vol de bijoux dans une salle de concert qui vient d’être bombardée. On peut aussi trouver l’interprétation attachante, de Saoirse Morsan (Lady Bird) à Kathy Burke, encore plus ravagée que dans Ne pas avaler, en passant Harris Dickinson, le beau gosse de Sans filtre. C’est peu pour compenser la fadeur d’une œuvre que la politique des auteurs ne nous oblige pas à défendre. Sur un sujet similaire, on conseillera plutôt le touchant Hope and Glory de John Boorman.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.