Le 23 avril 2024
En superposant une Amsterdam contemporaine, étouffée par la pandémie de la Covid, et celle de l’occupation et de la barbarie nazies, Steve McQueen parvient à créer une œuvre monumentale et prodigieuse, sans doute aussi importante que celle de Lanzmann en son temps, Shoah.
- Réalisateur : Steve McQueen
- Genre : Documentaire, Historique
- Nationalité : Américain, Britannique, Néerlandais
- Distributeur : mk2.Alt
- Durée : 4h22mn
- Date de sortie : 24 avril 2024
- Festival : Festival de Cannes 2023
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– Festival de Cannes 2023 : sélection officielle, hors compétition, séance spéciale
Résumé : Le film propose un portrait croisé : à la fois une immersion dans la période de l’occupation nazie qui continue de hanter la capitale néerlandaise, ville d’adoption du réalisateur ; et une exploration de ces dernières années, marquées par la pandémie et les mouvements sociaux. Il en ressort une vaste méditation sur la mémoire, le temps et notre devenir commun.
Critique : Il ne faut pas avoir peur des quatre heures. McQueen, dont on connaît la puissance des fictions au service d’une reconnaissance permanente pour le droit des minorités, en produisant et réalisant ce documentaire fleuve, offre le pari extraordinaire de mettre en perspective le récit de l’occupation allemande au devoir de liberté qui doit animer les peuples du monde. Le travail qu’entreprend le cinéaste est géant. Il visite avec sa caméra chaque recoin de la capitale hollandaise, chaque pan de mur, chaque intérieur de bâtiment ou d’appartement, où des résistants, des familles juives ont été assassinés au motif de leur judéité et de leur soif de liberté. La narratrice qui conte les évènements douloureux de la barbarie nazie assume le verbe "assassiner". Il ne s’agit pas d’un détail horrible de l’Histoire, mais d’une succession d’assassinats contre des personnes normales, simples, qui n’avaient pour d’autre raison de mourir que de porter la religion de leurs mères.
Occupied City est une œuvre très dense où il faut apprendre à se perdre. Parfois, l’attention du spectateur tombe. Peut-être par défense face à l’horreur des faits qui sont rapportés par la lectrice, ou plus simplement, par fatigue. Pour autant, on avance avec McQueen dans les dédales européens d’un souvenir encore frais d’une ville qui a subi l’invasion allemande, la brutalité de l’extrême droite et la tuerie généralisée des opposants, des homosexuels et des juifs. Chaque lieu est montré avec une lumière, un sens de la mise en scène qui magnifient le souvenir. McQueen fait coexister dans l’instant de sa narration les peuples condamnés des années 1940 avec ceux qui, au moment des politiques de confinement généralisées dans le monde, luttent pour leur liberté de penser, de danser, d’aimer et de circuler.
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Occupied City est un film majeur sur la liberté. C’est un documentaire qui à travers une esthétique très poussée, tente de grandir le projet de toute une humanité pour la reconnaissance de ses droits fondamentaux. On sera évidemment sensible au sort que le monde réserve aux populations modernes opprimées pour leur culture, leur couleur de peau ; et McQueen, sans prosélytisme aucun, parvient à leur rendre l’hommage qui lest nécessaire nécessaire pour elles.
Voilà donc un film qui est au-delà de tout ce qui avait été écrit et réalisé sur la tragédie de la Shoah, à l’exception peut-être du film de Lanzmann, dont on pressent la présence de plus en plus importante. Lors d’une scène finale, McQueen filme la ville à partir du cheminement d’un tramway, comme un clin d’œil profondément respectueux au documentaire fleuve de Lanzmann qui aura, en son temps, révélé pour le reste de l’histoire des hommes, la tragédie de la douleur.
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