Mandingo
Le 10 décembre 2024
12 Years a Slave est l’un des premiers grands films sur l’esclavage.
- Réalisateur : Steve McQueen
- Acteurs : Brad Pitt, Paul Giamatti, Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Sarah Paulson, Dwight Henry, Paul Dano, Benedict Cumberbatch, Lupita Nyong’o
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 2h13mn
- Date télé : 9 janvier 2022 21:00
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 22 janvier 2014
Résumé : Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession. Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie…
Critique : L’esclavage aux États-Unis reste un pan de l’histoire américaine toujours compliqué à aborder, et qui s’est souvent soldé par des films plutôt médiocres où le sentimentalisme l’emportait. Mais en un an à peine, deux cinéastes s’y sont essayés avec réussite, en proposant des traitements radicalement différents : Django Unchained, où Quentin Tarantino revisite de manière jouissive cette histoire américaine, et aujourd’hui 12 Years a Slave de Steve McQueen.
L’audace de Brad Pitt, entre autre producteur du film, est d’avoir demandé au plasticien britannique Steve McQueen de se confronter à ce sujet. Ce n’est en effet pas une idée si évidente à la vision des films précédents de ce dernier, dont les mises en scène souvent puissantes restent particulièrement âpres, et annihilent toute émotion. Dans 12 Years a Slave, Steve McQueen n’abandonne pas cela mais c’est ce qui finalement va servir le sujet.
Soustrayant tous les excès de ses films précédents, il propose ici une mise en scène classique, dans le bon sens du terme, car il se permet un langage cinématographique qu’on ne voit que très rarement dans le cinéma populaire américain. Il n’a pas peur de la longueur (quelques plans-séquences), des gros plans sur son personnage principal… Et finalement l’émotion passe non par les larmes et le sentimentalisme, mais par une souffrance physique, que va ressentir aussi le spectateur. En sortant du film, on ne peut que se remémorer cette scène insoutenable lors de laquelle Solomon est laissé pendu plusieurs heures.
La caméra de McQueen est collée au destin de cet esclave affranchi qui se retrouve enchaîné pendant douze années après avoir été kidnappé. Cette trajectoire fascine car c’est un personnage qui est peu évident à aborder en tant que spectateur car il exprime assez peu ses émotions, ne tombe jamais dans l’affliction, ne s’apitoie pas… C’est un homme qui se définit par l’action, et sa volonté de survie. Mais malgré une telle force d’âme, le réalisateur montre que face au système la résignation l’emporte, car l’humain se fait broyer physiquement mais également moralement.
Ce film marquera évidemment les esprits car il reste un choc quoi qu’on en pense. En tout cas, il a le mérite de proposer un regard différent sur cette histoire de l’Amérique et n’a pas peur de concrétiser la souffrance. Un grand film !
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Dominique Brunel 30 mars 2014
12 Years a Slave - Steve McQueen - critique
Un très bon acteur, oui, et une réalisation qui n’a pas peur de faire durer certaines scènes et de montrer la crudité et la violence de l’esclavage. Pourtant, cela reste toujours très esthétisant. Qu’on enlève la musique, qu’on nous montre des gens un peu moins beaux, moins élégants, moins intelligents. Qu’on laisse la crasse, la puanteur et l’écoeurement s’installer. Peut-être aurons-nous alors une vision un peu approchante de ce que peut être l’esclavage.