Bilan 2013 : le top 2013 de Camille Lugan

Réviser ses classiques, écrire dans les marges.

On n’aime jamais faire les bilans. Ceux-ci sont invariablement l’occasion de se rendre compte combien, au regard des listes des "films les plus attendus de (insérer l’année écoulée)", la récolte est maigre ou inopinément "à côté" de ce que l’on avait tant désiré. Et pourtant, cette année le bilan a été pour votre serviteur d’une évidence inespérée. Une série de quelques films dont la force et la capacité de nous reconnecter avec l’émotion cinématographique les placent largement au-dessus de la mêlée.
Sans en faire l’emblème qu’il n’est pas, et ne se prétend pas être, le sublime film des frères Coen est à la croisée d’un classicisme (de narration, de mise en scène) et d’une pure inventivité formelle qui sont aujourd’hui la marque de grands cinéastes, aussi bien aux Etats-Unis (Paul Thomas Anderson en est une incarnation plus affirmée encore) que dans le reste du monde. Les meilleurs films de cette année sont ceux dont la mise en scène regarde toujours au-dehors (à la fois dans l’histoire du cinéma et dans le monde), avant de se regarder elle-même - et ceux dont on retient une énergie, une image, parfois le regard d’un chat, d’un personnage animé dans un univers psychédélique, ou une silhouette qui disparaît dans la nuit, au bord d’un lac. Films de facture différente, dont l’étrange et inopiné point commun est peut-être d’avoir été souvent longs à produire, difficiles à distribuer, et parfois rudes à présenter au public ; mais dix films denses, qui ont donné à cette année son souffle cinématographique.

1 Inside Llewyn David (Joel et Ethan Coen)

2 A touch of sin (Jia Zhang-ke)

3 The Master (Paul Thomas Anderson)

4 L’inconnu du lac (Alain Guiraudie)

5 Le congrès (Ari Folman)

6 Michael Kohlhaas (Arnaud des Pallières)

7 Passion (Brian de Palma)

8 Zero Dark Thirty (Kathryn Bigelow)

9 Les rencontres d’après-minuit (Yann Gonzalez)

10 Les salauds (Claire Denis)