Au fond de l’œil du chat

Les dérives rocambolesques d’un héros malgré lui au cœur d’une indescriptible kabbale.

Serge Quadruppani ajoute à une liste déjà honorable de romans noirs, de policiers, d’essais et d’enquêtes, un polar "noir et profond comme une nuit sans lune". Prix du Var en 2003, prix interlycées professionnels de Nantes en 2004... En plus de ses qualités de traducteur et de passeur de littérature italienne, un talent indiscutable, qui se confirme livre après livre. Faut-il le reconnaître sous les traits de Michel, quinquagénaire chômeur, ironique et rêveur en perte de repère ? Nous pourrions le croire tant le héros cynique et naïf de cette intrigue est convaincant.
Au fond de l’œil du chat est l’application concrète et toujours à réinventer d’une recette qui fait ses preuves depuis plusieurs décennies sans la dimension policière. Un homme se trouve mêlé à une sale histoire suite au décès d’une connaissance proche et, de fait, compromettante.
Les progrès d’une enquête alambiquée mettent en lumière les menées occultes des grands appareils étatiques et, au passage, la capacité insoupçonnée de dissimulation d’un entourage au-dessus de tout soupçon.
L’histoire d’un héros malgré lui dans la plus pure tradition d’une machination cruelle dont les rouages grinçants laisseront échapper les effluves nauséabonds de la part noire qui est en nous, ou encore l’écho des chaises musicales sur lesquelles s’avachissent des pions entre les mains des puissants, les jouets d’une cruauté qui est notre histoire à tous.
Le récit de l’infortuné Michel croisera celui d’un criminel, ancien des guerres secrètes, Emile, dont le témoignage presque insoutenable n’empêchera pas de laisser transpirer une part de tendresse et de drôlerie. Ni tout blanc ni tout noir, à l’image de tous les personnages qui peuplent ce bon vieux polar.