EP

Malgré un nom qui sent bon le soufre ("les fournaises ardentes"), les jeunes Matt et Eleanor Friedberger (par ailleurs girlfriend d’Alex Kapranos de Franz Ferdinand) s’apparentent plus à des beatniks délurés qu’à des adeptes de black metal norvégien. Et, à la différence des White Stripes, Ramones et autres Ween (le groupe vraiment barré dont ils seraient les plus proches sur la carte du rock), ils sont frère et sœur pour de vrai.

Voilà pour l’aspect biographique de l’affaire, sur lequel il est difficile de s’étendre : à peine débarqués il y a deux ans, les Fiery Furnaces ont déjà commis une poignée d’albums et de singles plus imprévisibles et séduisants les uns que les autres. Le tout à mi-chemin d’une pop baroque façon sixties et du do it yourself du rock indé US. On a un petit faible pour ce disque qui compile leurs maxis : plus facile à avaler que leurs albums au long cours, mais aussi riche en surprises et en mélodies accrocheuses. En ouverture, la reprise d’une folksong névrotique (Single again) s’enchaîne avec un Here comes the summer idéal pour réconcilier ABBA, McCartney et The Beta Band. Plus loin, le single Tropical iceland s’impose comme une musique parfaite pour fêtes foraines psychédéliques, à grands coups de claviers d’un autre temps.

The Fiery Furnaces chantent quand ça leur chante, déclinent toute responsabilité sur l’évolution de leurs morceaux, sautant allègrement de plages planantes en passages frénétiques (Duffer St George). Le mysticisme en moins, c’est du Mercury Rev tombé dans un baril d’ecsta. Sexy, malin et ingénu à la fois : le meilleur moyen de chasser les fantômes de l’hiver.