Michelle Pfeiffer + Harrison Ford + une maison = immanquable
Le 25 mai 2023
Robert Zemeckis, dans sa meilleure forme, échafaude avec un plaisir cinéphile communicatif un thriller fantastique majestueux, où les apparences n’ont jamais été aussi étonnamment vivifiantes.
- Réalisateur : Robert Zemeckis
- Acteurs : Harrison Ford, Michelle Pfeiffer, Joe Morton, James Remar, Miranda Otto
- Genre : Fantastique, Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : UFD
- Editeur vidéo : Twentieth Century Fox Home Entertainment
- Durée : 2h09mn
- Date télé : 25 mai 2023 21:05
- Chaîne : Chérie 25
- Box-office : 1 816 041 entrées (France) dont 463 735 (Paris-périphérie) / 155,4 M$ (USA)
- Titre original : What Lies Beneath
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 13 septembre 2000
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Résumé : Le docteur Norman Spencer et sa femme Claire habitent une somptueuse résidence sur les berges d’un lac de la Nouvelle-Angleterre. Tout va pour le mieux, mais Claire se sent seule. Sa fille est partie à l’université et son mari consacre tout son temps à ses recherches. Elle entend un jour gémir et pleurer sa nouvelle voisine, Mme Feur, et tente de prendre contact avec elle. Mais elle se heurte à M. Feur, qui lui refuse l’accès à la maison. Au cours de la nuit, elle voit ce dernier charger un grand sac dans sa voiture. Au fil des jours, Claire est assaillie par des sensations étranges.
Critique : Tourné durant la pause de quelques mois que Seul Au Monde nécessitait, le temps pour Tom Hanks de se plier à un régime drastique et arborer sa barbe hirsute digne de Robinson Crusoé, Apparences est souvent présenté, par l’opinion globale et la plupart des ouvrages du septième art, comme l’exercice de style par excellence dans la filmographie de Robert Zemeckis, une démonstration de force technique qui ne dépasse jamais le cadre propret de l’hommage cinéphile. Il n’en est rien. Réduire Apparences à ces allégations de bas étage serait sacrilège, tant Zemeckis convoque, avec une maestria certaine, les modèles du genre, Alfred Hitchcock en tête (si l’on aime les comparaisons expéditives), et arrive sans grand mal à les manipuler avec dextérité, pour offrir au spectateur aguerri un moment de cinéma intense. Robert Zemeckis est avant tout un cinéaste de l’image, plus encore de la transgression à l’intérieur de l’image. Tout le monde se souvient du mouvement de caméra exceptionnel qui ouvre Contact (1997), où le personnage de Jodie Foster, encore adolescente, court à travers les couloirs de sa maison, apeurée de l’état de santé de son père qui vient de s’écrouler, pour saisir une poignée de médicaments dans l’étagère de la salle de bain.
Cette main frêle et fragile révèle, au dernier moment, que l’action de la scène se déroulait dans le miroir attenant à l’évier de cette même salle de bain, dans le reflet, dans un monde biaisé alors que l’on pensait être dans la réalité. Ce geste à la fois cinématographique et follement, éperdument symbolique, apparaît plusieurs fois, c’est le cas de le dire, au sein d’Apparences. Les images s’accumulent, alternant scènes de vie conjugales et séquences fantastiques, avec une vraie science du rythme, mais c’est bien dans ces séquences dites "fantastiques" ou plutôt oniriques, que le film frôle du doigt la perfection, à l’image de cette scène de "possession", où le personnage incarné par Michelle Pfeiffer se voit déposséder de son enveloppe charnelle par le fantôme d’une défunte dont on taira la nature, où la gestuelle de la protagoniste épouse avec frénésie la mise en scène subtile de Zemeckis. La caméra devient actrice à part entière du métrage. Apparences aligne les jeux de perception et les idées de mise en scène brillantes, comme ce corps spectral à peine perceptible que Pfeiffer aperçoit sur la surface du lac, et demeure sans nul doute une des dernières œuvres pertinentes du cinéaste, avant son entrée dans le cinéma d’animation numérique et sa traversée du désert.
Rares sont les films où scénario et réalisation s’alignent sur une même longueur d’onde avec une telle fluidité. Mention spéciale aux dernières minutes suffocantes que nous concocte Robert Zemeckis, où il n’a jamais été aussi juste et souverain d’affirmer l’importance d’un découpage technique dans l’élaboration d’un film ; cette séquence finale nous persuade de l’imposant talent d’orfèvre du réalisateur pour composer des plans d’une infini beauté plastique et métaphorique, tout en proposant une montagne russe émotionnelle mémorable, comme l’affiche du film. Un des derniers grands Zemeckis assurément.
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