Cheval - avant, cheval - arrière
Le 7 mars 2011
Une réjouissante comédie estivale qui s’interroge sur la différence entre un cheval de théâtre et un vrai cheval.
- Réalisateur : Mikio Naruse
- Acteurs : Kamatari Fujiwara, Kan Yanagiya, Minoru Takase, Sôji Kiyokawa, Ko Mihashi
- Genre : Comédie
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h11mn
- Titre original : {旅役者- Tabi yakusha}
- Plus d'informations : http://www.mcjp.fr/francais/cinema/...
- Festival : Histoire des grands studios japonais : 4e volet - La Tôhô
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– Sortie au Japon : 11 décembre 1940
Une réjouissante comédie estivale qui s’interroge sur la différence entre un cheval de théâtre et un vrai cheval.
L’argument : Deux acteurs d’une troupe de kabuki ambulante interprètent les jambes avant et arrière du cheval du fameux conte Tasuke Shiobara. Hyôroku, le plus âgé des deux, considère comme essentiel ce rôle qu’il joue depuis de nombreuses années. Mais un accident va remettre en cause leur présence dans la troupe.
Notre avis : L’humour est souvent présent dans le cinéma de Mikio Naruse. Ma femme, sois comme une rose, Tsuruhachi et Tsurujiro (1938), Toute la famille travaille ou encore Hideko, receveuse d’autobus (1941) adoptent un ton résolument léger et contiennent des scènes d’une drôlerie irrésistible. Mais il y a toujours un moment ou la gravité affleure et c’est, non pas dans le contraste, mais dans la cohabitation des deux, comédie et drame, que ces films trouvent leur musique juste.
Acteurs ambulants, que le cinéaste a adapté lui-même d’un récit du conteur de raguko (histoires humoristiques) Mushû Ui (1909 - 1992), semble faire exception à la règle en se maintenant de bout en bout dans un registre comique, voire burlesque.
Pourtant si les gags abondent et sont souvent très drôles (le barbier qui abandonne son client après lui avoir rasé la moitié du crane, la tête de fouine du costume de cheval après sa réparation, le vrai cheval qui pisse sur scène pendant la représentation) la mise en scène ne leur fait pas un sort, restant dans le registre d’une chronique réaliste basée sur l’observation de gestes quotidiens et de micro-évènements.
Avec sa modeste troupe de comédiens débarquant dans une petite ville de province sur la base d’une confusion entretenue par l’impresario entre le nom du directeur et celui d’un fameux acteur de kabuki le film rappelle deux perles de la filmographie d’Ozu : Ukikusa monogatari - Histoires d’herbes flottantes (1934) et son remake en couleur de 1959 Ukikusa - Herbes flottantes. On retrouve chez l’un et l’autre le regard mi amusé, mi attendri sur les piteuses prestations scéniques d’acteurs de troisième ordre et la même ambiance estivale (piqûres de moustiques et bain-lessive dans la rivière).
Pourtant on imagine difficilement Ozu développer comme le fait ici Naruse une discrète mais troublante réflexion sur le vrai et le faux, la nature et l’art. Car dans leurs efforts souvent ridicules (les ruades, le hennissement) pour incarner sur scène l’essence même de l’être cheval les héros de Tabi yakusha élaborent une véritable théorie de la mimesis et de la différence fondamentale entre le modèle et sa représentation. Une scène finale du plus haut comique mais comme en suspens scellera la victoire fragile de l’art.
Plutôt que d’Ozu c’est du Shimizu de Anma to onna - Les masseurs et la femme que Naruse se rapproche dans ce film qui reste un peu à part dans sa filmographie mais qui, sous ses apparences modestes, en constitue un des sommets.
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