Le 27 janvier 2020
Le rapport de Bruno Racine, commandé par l’État, met en évidence le grave problème de la précarité socio-économique des artistes-auteurs et dévoile une série de 23 recommandations.
Ancien président de la Bibliothèque nationale de France, Bruno Racine a enfin remis son rapport au ministre de la Culture, Franck Riester. Les multiples actions de sensibilisations des auteurs ont en effet conduit le ministère de la Culture à commander un rapport sur « L’auteur et l’acte de création ». Le constat du rapport Racine est sans appel : la situation des artistes-auteurs se dégrade en France. Ce constat effectué par la puissance publique est inédit. Reste à savoir si le rapport sera suivi de mesures concrètes. Franck Riester a signalé qu’il ferait des annonces en ce sens durant le mois de février. Les artistes-auteurs espèrent à juste titre que l’État reprendra à son compte tout ou partie des 23 recommandations du rapport Racine.
Le rapport souligne d’emblée que « la dégradation de la situation économique et sociale des artistes-auteurs se traduit par une érosion de leurs revenus, en dépit de l’augmentation générale de la valeur créée. Peu rémunérateurs en moyenne, les métiers de la création sont affectés d’un fort biais social, tandis que parmi les artistes-auteurs, les jeunes et les femmes sont particulièrement exposés aux difficultés socio-économiques ». La précarité est particulièrement forte dans le domaine de la bande dessinée. Les États généraux de la bande dessinée ont montré les graves difficultés économiques de ses créateurs, qui pour plus de la moitié vivent en-dessous du SMIC. Cette précarité est liée avec la difficulté pour les auteurs de faire entendre leurs revendications et leur dépendance vis-à-vis des autres maillons de la chaîne du livre. La synthèse du rapport Racine met en évidence ce problème :« Les artistes-auteurs, dont le temps de travail n’est pas rémunéré en tant que tel, pâtissent enfin du déséquilibre des relations avec les acteurs de l’aval (éditeurs, producteurs, diffuseurs, etc) ».
Dans sa deuxième partie intitulée « l’État mis au défi d’agir », le rapport Racine offre de nombreuses prises très concrètes pour améliorer les conditions économiques des auteurs. Bruno Racine demande explicitement la création d’un statut pour les artistes-auteurs qui reconnaisse leur métier. Le rapport appelle aussi à la création d’un Conseil national des artistes-auteurs capables de négocier avec les éditeurs et diffuseurs. Il appelle également l’État à renforcer la politique publique en direction des auteurs, et se montre favorable à la rémunération des auteurs lors des festivals.
La publication du Rapport Racine a été accueillie avec espoir au sein de la communauté des auteurs. La vice-présidente de la Ligue des auteurs professionnels, Samantha Bailly, a notamment décortiqué le rapport sur son compte Twitter. Le rapport et ses préconisations seront, à n’en pas douter, sur toutes les lèvres lors du festival de la bande dessinée d’Angoulême.
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