Le prix de l’exploit taillé dans le roc
Le 4 juin 2014
Après le décevant Slumdog millionaire, Danny Boyle revient en toute grande forme par le biais de ce récit épique et haletant porté à bout de bras par la performance unique de James Franco. Émotion et frissons garantis.
- Réalisateur : Danny Boyle
- Acteurs : Amber Tamblyn, James Franco, Clémence Poésy, Lizzy Kaplan, Treat Williams, Kate Mara
- Genre : Drame, Aventures, Biopic, Thriller
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h34mn
- Titre original : 127 Hours
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 23 février 2011
Résumé : Parti pour une randonnée en solitaire dans les gorges de l’Utah, Aron Ralston, jeune alpiniste expérimenté, se retrouve bloqué au fond d’un canyon isolé lorsqu’un rocher s’éboule, lui emprisonnant le bras. Pris au piège, menacé de déshydratation et d’hypothermie, il est en proie à des hallucinations avec pour seule compagnie le souvenir des siens. Cinq jours plus tard, comprenant que les secours n’arriveront pas, il va devoir prendre la plus grave décision de son existence...
Critique : Propulsé sur le devant de la scène grâce au survitaminé Trainspotting, second volet de la trilogie "Bag of Money", Danny Boyle n’a cessé de se renouveler et de conforter le statut de cinéaste culte qui lui colle à la peau, avec quelques perles à son actif telles que Petits meurtres entre amis, 28 jours plus tard ou, plus récemment, Sunshine. La suite, impossible d’y échapper ; la foule s’est pressée en nombre pour acclamer le multi-oscarisé Slumdog Millionnaire, fable dickensienne sur un matériau scénaristique "gros comme une maison" renfermant tout un tas de clichés propres à l’Inde (flous de par sa mise en scène nerveuse et clipesque)... Délaissant les bas-fonds bondés de Mumbai, il réimplante sa caméra en plein cœur de la région déserte de l’Utah puisque le tournage de Une vie moins ordinaire s’y est en partie déroulé. Dès le générique, on craint le pire : abus volontiers de "split screen" (l’écran est divisé en trois parties), le tout sur une musique tapageuse (pas de doute, on reconnaît directement le style de Boyle). Très vite, cette entrée en matière évoluant à un rythme effréné est un leurre pour tergiverser afin de mieux désorienter le spectateur dans l’immensité de ce décor naturel à perte de vue.
Il s’attelle à retranscrire l’aventure surhumaine décrite par l’intéressé, Aron Ralston, dans "Plus fort qu’un roc". S’éloignant du style documentaire, Boyle opte pour la fiction et évite adroitement de livrer un remake quasi similaire à La mort suspendue de Kevin Macdonald (d’autant plus que son frère, Andrew Macdonald, est le producteur de la majorité des films du réalisateur de La plage (The Beach)). Passé le premier tiers de 127 heures, la grandeur des lieux se réduit à l’espace confiné du canyon au fond duquel il restera coincé.
Comme dernièrement Ryan Reynolds dans Buried, la caméra est cloîtrée aux côtés de James Franco (déjà bluffant en tant que petit ami de Harvey Milk) qui obtient là le rôle de sa vie en faisant cavalier seul... À la différence du thriller claustrophobe de Rodrigo Cortés, Boyle recourt incessamment à des flash-back qui traduisent toute la rancœur ressentie par Aron, que ce soit l’égoïsme de ne pas avoir répondu à l’appel téléphonique de sa mère ou le fait, plus anodin, d’avoir oublié son canif suisse (quoiqu’indispensable en pareille circonstance !). En plus de l’acte de bravoure dont il fait preuve, cette situation périlleuse va modifier sa vision du monde en portant une plus grande attention aux êtres qui lui sont chers. Au final, 127 heures prend des accents sentimentaux profonds et touchants en délivrant le même message que Into the Wild. Du grand cinéma, histoire de se réconcilier avec Danny Boyle...
- 2010 © Cloud Eight Films, Everest Entertainment, Darlow Smithson Productions, Pathé. Tous droits réservés.
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Norman06 23 février 2011
127 heures - la critique
Ce produit confirme que Danny Boyle est un habile faiseur, à défaut d’être un auteur. Recyclant un zeste de Seul au monde, une poignée de Into the wild, un air de Gerry et des faux airs de Délivrance, le cinéaste livre un habile suspense, faussement filmé en hui-clos : comme on s’adresse au public de multiplexe plus qu’à celui des Straub, le plan séquence et la prise unique seront honnis au profit de flash back sentimentaux et surtout de prises de vue aériennes, comme dans Sur un arbre perché avec Louis de Funès. James Franco en fait des tonnes autant pour délivrer son personnage que pour supplier l’Oscar, qui lui échappera au profit de Colin Firth... Cet agréable divertissement qui a la politesse ne de ne pas excéder 90 mn nous rappelle aussi au dénouement qu’il faut toujours donner une adresse avant de partir en week-end. De quoi diminuer les statistiques du nombre de fugues...
Frédéric de Vençay 31 mars 2011
127 heures - la critique
Après les excellents "Sunshine" et "28 jours plus tard", films brillants et profondément métaphysiques, Boyle est hélas revenu à ses premières amours régressives et survoltées, sans doute encouragé par le succès ahurissant de sa soupe bollywoodienne indigeste (le tristement multi-oscarisé "Slumdog millionaire"). Ses tics clippesques, souvent très inventifs, s’avèrent moins indécents pour traiter l’histoire "larger than life" d’Aron Ralston que la misère des bas-fonds indiens. A part ça ? A part ça l’énergie de "127 heures" est communicative mais tourne un peu à vide, avant de s’emplâtrer dans un final ultra-mièvre, noyé dans des considérations américano-américaines nauséeuses (qu’est-ce que c’est bien la famille, ça vous change un homme). Bonne compo de James Franco.
Frédéric Mignard 10 avril 2011
127 heures - la critique
Sujet casse-gueule, un peu inintéressant au premier abord, mais tiré vers le haut par la réalisation stylée de Danny Boyle. Il transforme en clip dantesque cet exercice de survie douloureux. Au final, on s’y amuse autant qu’on souffre. Et surtout en prend plein les yeux. Par contre, désolé, niveau psychologie, rien de consistant à en tirer.
Jujulcactus 30 juillet 2011
127 heures - la critique
Difficile de ne pas faire le parallèle avec le récent « Buried », les deux films se centrant tout deux sur des hommes bloqués et isolés en tête à tête avec la mort ... Pourtant les ressemblances s’arrêtent là, « 127 heures » ne dure (heureusement) pas 127 heures, l’évenement étant condensé en une heure environ, la réalisation, le jeu d’acteur, la musique, tout diffère : « Buried » constitue l’extrème du concept. Le nouveau film de Dany Boyle est avant tout marqué par une réalisation extrèmement nerveuse, une caméra qui ne tient pas en place au point de se diviser souvent en trois, la BO enchaîne les gros sons (même si la belle voix de Dido viens calmer tout ça à un moment donné), les couleurs flashies sautent aux yeux... C’est très très dynamique voire tape à l’oeil ! Si cette mise en scène ne manque pas d’idées, on peut se demander si elle est vraiment nécessaire voire adaptée à un tel sujet... Le sujet, c’est l’histoire vraie de Aron Ralston qui chute dans un ravin en plein milieu des canyons de l’Utah et qui se retrouve le bras coincé sous un gros rocher. Et c’est James Franco qui se charge d’interpréter ce jeune homme intrépide qui n’a pas conscience du danger, un peu frimeur, ... Il livre ici une performance correcte, mais peut-être pas suffisante pour qu’un film entier repose sur ses épaules ... Certainement un peu bouffé par l’omniprésence de la patte du réalisateur, il ne délivre pas d’émotions, et l’on reste spectateur là où on aurait pu (du ?) entrer en totale empathie. Quand le guide de ces paysages magnifiques se met à halluciner ou à parler à sa caméra ça donne de jolies choses ... Mais l’intensité annoncée s’envole assez vite, on passe un bon moment, intéressant mais on ne vit pas assez cet évenement tragique, en tout cas pour ma part. Un peu trop artificiel.