Le 8 juin 2018
Une œuvre qui divisera, comme d’habitude dès que Danny Boyle touche à quelque chose, mais qui se détache par sa forme sous acide, symbole d’un amour pour la période des 70’s.
- Réalisateur : Danny Boyle
- Acteurs : Brendan Fraser, Donald Sutherland, Hilary Swank, Luca Marinelli, Harris Dickinson
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Britannique
- Date de sortie : 25 mars 2018
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Résumé : Trois générations de la famille de J. Paul Getty s’affrontent en 1973 alors que le petit fils de ce magnat du pétrole est kidnappé en Italie.
Notre avis : Tout au long de sa filmographie Danny Boyle a toujours su diviser les foules de manière sans équivoque par un style qu’il a su (de notre point de vue) adapter à un panel de genres et d’univers incroyablement varié. La science-fiction, le thriller, la comédie, le drame, le film à Oscars, le biopic et bien évidemment l’horreur ont mis en exergue l’attrait de son réalisateur à ne pas stagner dans une zone de confort tout en stimulant une réalisation unique. Vous vous en doutez sûrement, tout ça pour dire que la plus importante incursion de Boyle dans la série est une nouvelle occasion d’assister à une déclinaison de sa patte. "Seulement" producteur sur Trust, il semblerait que le réalisateur de Sunshine l’ait joué comme Fincher sur Mindhunter. Réalisateur sur les deux premiers épisodes (loin d’être les plus passionnants d’ailleurs), le Britannique encadre la série d’un ton et d’une identité directement affiliés à son goût pour l’extravagant et le clip. Allergiques à Boyle s’abstenir, tant sur le format d’une mini-série le tout peut fatiguer par l’omniprésence d’effets et autres gimmicks ostentatoires. De Rome aux Etats-Unis, Trust s’approprie totalement cette histoire dont, honnêtement, on se fiche un peu (ce qu’on avait déjà pu constater par le morne Tout l’Argent du Monde), pour évoquer les choses de la vie qui compte le plus pour Boyle : la drogue, la violence et un peu d’amour charnel.
- Copyright : FX
En réalité, on grossit "légèrement" le trait. En l’état, Trust ne trahit jamais son histoire pour partir faire sa petite vie avec ses petites thématiques chères aux créateurs. La série parle de son sujet, mais le fait sous un angle peu surprenant compte tenu de l’équipe derrière. Et c’est justement cette transformation du sujet en une œuvre personnelle qui en fait une série aussi forte et accrocheuse. Même au sein d’un médium télévisuel qui ne cesse de surprendre dans sa qualité, Trust parvient à se détacher et se faire une place parmi les programmes les plus "racés" de ces derniers temps. L’exubérance affichée par un narrateur présent aléatoirement, des mouvements de caméras d’une complexité telle qu’on en vient à se demander s’ils se justifient par un sens profond et quelques coups de tête pour briser le quatrième mur ajoutent une superficialité cool étrangement efficace d’autant plus qu’elle n’empiète pas sur des personnages hauts en couleur. Ce simili-biopic extrêmement malin dans sa connexion fréquente avec des événements de l’époque profite de son format pour réellement développer son histoire et s’ancrer dans une période décadente, ce que vient magnifier la réalisation sous acide. Un peu à la manière de The Social Network (autre faux biopic, mais dans un style différent), peu importe finalement de savoir ce qui tient du véridique et de la fiction : la construction du récit suffit au spectateur qui ne cherche rapidement plus à démêler le vrai du faux mais à apprécier le contenu de la série en tant que tel. L’histoire derrière Trust ne soulevait pas grande excitation (un peu comme... The Social Network), il est donc d’autant plus admirable d’avoir pu en tirer un contenu aussi riche et transcendant.
- Copyright : FX
La générosité placée dans la série fragilise néanmoins son équilibre, puisque chaque épisode (ou presque) se concentre réellement sur un personnage en particulier là où il aurait été préférable de jongler entre toutes les parties de cet enlèvement rocambolesque. Mais ce qui pêche au découpage, notamment en début de saison, offre également des épisodes aussi étonnants par leur liberté artistique que leur maturité. Un épisode entier du point de vue des ravisseurs, il fallait oser : un épisode entier quasi-intégralement en italien pour une série américaine (les Américains... ces adorateurs de sous-titres) nécessite une sacrée paire pour l’imposer à FX et au public. Au delà de cette prouesse, cet épisode synthétise bien l’amour des personnages dont profite chaque tête de Trust, de Paul Getty Jr à Bullimore, le majordome du vieux, là pour appuyer le propos sur la famille et l’entourage et disposant d’une réelle caractérisation. Car, comme Tout l’Argent du Monde, il ne s’agit essentiellement que de famille et de l’importance de celle-ci. Avec une approche bulldozer fidèle à Boyle, la mini-série trouve la même conclusion que le film de Ridley Scott : la famille, c’est quand même bien. Preuve que le manque de subtilité n’est pas forcément une tare, Trust trace au final deux destinées de dynastie, la chute d’un empire pour Getty Sr, noyé par sa solitude, et l’ascension de la mafia calabraise, bien que douteuse dans son code d’honneur familial. La série ironise donc beaucoup sur la considération de la famille chez les grands businessmans, mais se penche avec affection sur ceux qui ont choisi de s’éloigner de ce mode de vie fait de richesses pécuniaires. Et en se concluant sur un de ceux-là, retourné auprès des siens, Trust délaisse son cynisme pour une dernière touche bienveillante, optimiste et pleine de sens, contraste agréable avec l’entièreté de la série.
- Copyright : FX
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