Le 30 janvier 2018
Généreux mais imparfait, le premier véritable album solo de Sopico regorge d’idées qui font autant les qualités que les défauts de YË.
- Date de sortie : 26 janvier 2018
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Notre avis : Après l’EP surprise Ëpisode 1 sorti il y a seulement quelques semaines, le prolifique Sopico s’était facilement hissé comme une des plus grosses attentes de ce début d’année musicale avec son YË. C’est que, malgré ses très nombreux morceaux clippés sur YouTube, l’un des gros espoirs du rap français n’avait pas encore sorti d’album solo, exercice périlleux et révélateur pour ces artistes qui ont percé grâce à "quelques" titres éparses sur internet. Le projet gratuit Mojo faisant ici exception puisqu’il était autant chapeauté par Sopico que par le beatmaker / rappeur Sheldon, YË est donc le premier album d’une des figures de proue de la 75e Session, écrit et produit de bout en bout par ses soins, si bien que l’on peut affirmer sans trop se mouiller qu’il représente bien la patte d’un artiste en constant mouvement. Par conséquent le rentrer dans les clous d’une (ou plusieurs) catégorisation(s) reviendrait un peu à réduire le caractère touche-à-tout du rappeur, qui s’illustre ici dans toute sa polyvalence, avec ce que ça comprend comme réussites, mais aussi comme moins bonnes réussites (esquive foireuse du terme "échec").
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Comme pour évacuer ce par quoi il s’est fait connaître, Sopico débute son album par un style qui lui sied parfaitement, et que l’on ne retrouvera pas ailleurs sur YË, le rap acoustique, où voix et guitare se marient une nouvelle fois magnifiquement. La simplicité de l’arrangement, aidé par la finesse du mixage, laisse présager ce que l’album ne sera finalement pas du tout, et déjà, si le choix se comprend, on ne peut cacher notre légère déception de ne pas profiter de nouvelles compositions acoustiques. YË respire la modernité et s’aligne sur ce que peut produire la 75e Session, ce pour quoi on aime autant ce collectif producteur d’ambiances musicales inimitables, ce qui confère à l’album des qualités atmosphériques indéniables. Très tourné vers l’egotrip, ce projet solo est un générateur de mouvements pour passer pour un con sauf si t’as une bonne grosse gestuelle de rappeur confiant. Nevermind, J. Snow, Darkside, Paradis et CS04, autant de bangers pour bouger la tête (et le corps) sur des boucles tellement riches et étoffées qu’elles ne laissent même plus transparaître leur répétitivité. Malgré quelques ajouts dispensables (l’autotune forcée de Sheldon vient flinguer son couplet sur Envie notamment), YË est au rap ce que * insérer un album culte de Heavy Métal * est au métal, bien qu’il ne propose pas que des coups du lapin à travers ses 14 morceaux.
Sopico l’exprime très bien à travers son Interlude a cappella ou même dans ses diverses interviews, puisque son projet doit refléter son état d’esprit et sa personnalité, il s’agit de lui donner une palette de couleurs aussi variée que cohérente, et c’est pourquoi YË propose de multitudes de facettes. Du sourire à l’écoute de certaines punchlines peut se succéder le calme d’un morceau plus mélancolique comme les très bonnes Bonne Etoile ou Domo, en compagnie de son acolyte de la 75ème : Népal (enfin un feat entre les deux !). Mais comme Sopico cherche à s’exprimer à travers les contrastes jusqu’à réunir des contraires, surtout au travers de cet album, rien n’est aussi simple en réalité. Arbre de Vie et son ambiance sombre prennent racine sur un beat coupé-décalé étonnant apportant de la légèreté au texte le plus torturé du projet. Le rappeur du 18ème expérimente donc beaucoup, se refuse à la facilité et l’unilatéralité émotionnelle quitte à perdre l’auditeur par un trop plein, une quasi-constante innovation qui peut rendre YË confus, et surtout trop froid. Et là est le gros problème de cet album, pourtant capables de toucher profondément (se référer à l’Ëpisode 1 pour ça), les textes de Sopico laissent un peu de marbre ici, boursouflés par une production qui en fait parfois trop, à base d’autotune inutile ou d’effets annihilant la portée émotionnelle des paroles de l’auteur. La générosité est à louer, mais aussi à reconsidérer.
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