Chips chinoises ou pop-corn ?
Le 20 août 2019
Empêtrés dans un pitch initial alambiqué de forces de la cosmologie chinoise, les scénaristes n’ont d’autre alternative que de s’appuyer sur des scènes de baston et une réalisation qui, épisodiquement, fait merveille, mais cantonnent ce Wu Assassins au simple rang de divertissement.
- Réalisateurs : Roel Reiné - Stephen Fung
- Acteurs : Katheryn Winnick, Mark Dacascos, Iko Uwais, Li Jun Li, Byron Mann, Lewis Tan, Tommy Flanagan, JuJu Chan
- : Netflix
- Durée : 10 épisodes de 40 à 49 minutes
- VOD : NETFLIX
- Genre : Action , Fantastique
- Titre original : Wu Assassins
- Date de sortie : 8 août 2019
- Plus d'informations : Wu Assassins
Résumé : Un modeste cuisinier de San Francisco devient le dernier élu d’une longue lignée d’assassins chargés de veiller sur les pouvoirs mystiques du Wu.
Notre avis : On ne va pas se mentir, l’ouverture de Wu Assassins envoie grave le bois, ou plutôt les coups de pieds et baffes à une vitesse incroyable. C’est filmé par une caméra nerveuse, qui restitue une parfaite vision spatiale d’une baston confinée dans une cage d’escalier et les couloirs d’un immeuble. Et c’est très violent. Normal, vu que c’est Iko Uwais, connu, entre autres, pour The Raid (2011), qui administre une sévère correction à une demi-douzaine de gus, venus ennuyer son vieux voisin. Lesdits gus étant des sbires de la mafia chinoise, qui « gère » le Chinatown de San Francisco. Et curieusement le voisin, qui pourtant connaît son sauveur (on ne spoile rien, c’est expliqué au bout de dix minutes), lui demande qui il est. Le chef.
Le chef ? Oui, le chef. Kai Jin est en fait cuisinier dans un restaurant tenu par ses amis, Jenny Wah (Li Jun Li) et son frère Tommy (Lawrence Kao). À ce trio, soudé depuis d’enfance, s’ajoute Lu Xin Lee (Lewis Tan) qui fait dans le vol de voitures. Et ces quatre ont plus ou moins des liens avec Oncle Six (Byron Mann), le chef de la mafia. Bref. Un jour, Kai est « possédé » par des forces exceptionnelles : il a été désigné comme l’élu, le dernier Wu Assassin pour tuer. Qui ? Bah, les Wu. Ces gens détiennent le pouvoir de contrôler le bois, la terre, l’eau, le feu et le métal, autrement dit les Wuxing, les cinq éléments de la cosmologie chinoise. Les circonstances sont graves : les cinq Wu doivent se retrouver à San Francisco, pour provoquer la fin du monde. Mazette ! Vous suivez ? On vous explique : Kai a été briefé dans un monde parallèle : genre, quand à Chinatown il se passe un millième de seconde, dans le truc parallèle, ça peut durer la vie des rats. Le temps que Kai reçoive son enseignement de Yinn Ying (Celia Au) qui fut, il y a super longtemps, la première Wu Assassin, mais a échoué. Donc Kai, sérieux, on compte sur toi ! Sauf qu’un des cinq détenteurs du Wuxing est… Bon, ok, là, on la ferme, sinon on va spoiler.
Heu, je te conseille de prendre des notes… »
- Copyright Netflix
Wu Assassins, c’est en fait « excellemment mauvais ». C’est excellent par la réalisation des nombreuses séquences de combats, avec des chorégraphies aussi violentes qu’ultra rapides et « créatives », réglées par Iko Uwais. C’est excellent aussi pour la direction artistique, qui mélange les codes du genre, les arts martiaux, et une ambiance très urbaine, portée par une bande-son rap hip-hop, avec même une participation de Snoop Dogg. Et c’est surtout excellent sur le plan marketing, avec le casting précité, qui ravira tous les amateurs d’arts martiaux, auquel se joint Katheryn Winnick, échappée de Vikings. En revanche, là où ça coince, c’est avec cette foutue histoire de Wuxing. Comme ça part mal dès le premier épisode, avec des explications assez alambiquées, les scénaristes en sont réduits à expédier certains nœuds de l’intrigue, nourrissant le secret espoir que le spectateur, scotché par les castagnes et la réalisation, fera lui-même la soudure. C’est exactement le cas de deux détenteurs de Wuxing, qui arrivent subitement, presque à la fin de la série, comme deux cheveux sur nos soupes Won Ton et nems, alors que cela fait paradoxalement l’objet d’un des meilleurs épisodes. Hélas, trop d’autres carences d’écriture sur les pourquoi et comment de certaines situations, qui devraient être sauvées par la mise en scène, sont littéralement plombées par des effets spéciaux ou jeux d’acteurs plus que moyens.
- Copyright Netflix
Au final, Wu Assassins se laisse regarder comme un divertissement, en mangeant des chips chinoises, pardon, des pop-corn, en attendant la prochaine baston ou des petites surprises, comme cet épisode s’ouvrant sur le méga tube de Lee Hazlewood, These Boots Are Made for Walkin’, mais en version française (Ces bottes sont faites pour marcher reprise par Eileen en 1965), et sa narration façon puzzle enchaînant flash-back sur flash-back.
La conclusion de cette lutte des forces de la cosmologie chinoise fait l’objet de deux épisodes (Chemins, partie 1 et 2), enchaînant rebondissements et course contre la montre, puisqu’il s’agit d’éviter, on vous le rappelle, la fin du monde, nom d’une pipe à opium ! En fait, non, on ne sait plus trop… Quant à l’ultime scène, elle ouvre, avec ses gros sabots, la porte d’une saison 2. Là encore, on sent que les scénaristes l’ont pondue en mode « Netflix, si ça marche, voilà, on vient de jeter l’esquisse de l’ébauche de l’amorce du début d’une possibilité de suite, avec pour pitch… Euh, on va le trouver, ne vous inquiétez-pas » ! On n’en doute pas une seconde. En attendant, on a d’autres films et séries à regarder, tiens, en mangeant des boules coco… (Au fait, les boules coco, c’est combien de temps au micro-ondes ?)
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SenkaKun 25 août 2019
Wu Assassins - la critique de la série
Quel dommage ! Le talent martial et visuel de Iko Uwais assassiné par une réalisation médiocre au service d’une histoire qui ne parvient jamais à faire naître la moindre tension. Ce ne n’est pas nul ou grotesque, c’est ennuyant.
Le seul point intéressant, les combats, sont malheureusement massacrés par un montage qui corrompt la lisibilité des impressionnantes chorégraphies. Il ne suffit pas de faire des coupes toutes les secondes pour donner du dynamisme à une scène d’action.
La série se perd dans des rêves de grandeur, ne parvenant pas à concilier une au demeurant belle direction artistique, des ambitions scénaristiques pataudes et son véritable propos, la chorégraphie de combat.
C’est le seul vrai reproche qui m’a fait décrocher de cette série - j’aurais supporté les dialogues téléphonés, les arcs narratifs improbables, les personnages stéréotypés - ingrédients qu’un peu d’humour et beaucoup d’action pourrait rendre digeste : la mise en scène des combats est ratée, et c’est pourtant que j’attendais de la qualité, le plat de résistance.
Ce n’est pas le personnage principal de la série, chef cuisiner de profession, qui me contredira : les ingrédients sont là, les acteurs sont honnêtes et font ce qu’ils peuvent, il y a du budget, mais le résultat est bien fade, et je pense que c’est avant tout le problème d’une écriture sans talent et d’une mise en scène de chef opérateur.