Wild - la critique du film

Contreplaqué de pathos, Wild se traîne sur les sentiers battus et rebattus de la gloire selon l’Académie des Oscars.

L’argument : Après plusieurs années d’errance, d’addiction et l’échec de son couple, Cheryl Strayed prend une décision radicale : elle tourne le dos à son passé et, sans aucune expérience, se lance dans un périple en solitaire de 1700 kilomètres, à pied, avec pour seule compagnie le souvenir de sa mère disparue… Cheryl va affronter ses plus grandes peurs, approcher ses limites, frôler la folie et découvrir sa force.Une femme qui essaye de se reconstruire décide de faire une longue randonnée sur la côte ouest des Etats-Unis.

Notre avis : Adaptation de l’histoire vraie de Cheryl Strayed, romancée dans son livre Wild : marcher pour se retrouver, le long-métrage s’ouvre sur les râles de son héroïne, harassée par la difficulté de la marche. Sur ses frêles épaules, Reese Whiterspoon porte son attirail de randonneuse et surtout l’écrasant poids du film. La jeune femme en quête de rédemption s’est aventurée sur le Pacific Crest Trail, l’un des sentiers les plus longs, difficiles et sauvages d’Amérique.

© 20th Century Fox

Sur les traces d’Into the Wild et 127 heures, Wild sillonne les contrées brutes de la frontière du Mexique à celle du Canada. Jean-Marc Vallée met une nouvelle fois en scène la souffrance comme un personnage à part entière. Après Dallas Buyers Club et le Café de Flore, le cinéaste a trouvé dans son héroïne désabusée une figure à la hauteur de ses attentes. Fille d’une mère cancéreuse et d’un père alcoolique violent, Cheryl est elle-même nymphomane, toxicomane et dépressive.
Porté par des critiques élogieuses et un heureux bouche-à-oreille, Wild s’approche tant par son sujet que par son traitement de ces récits introspectifs que le public apprécie tant. Le long-métrage fait l’éloge de la nature humaine. Cependant, alors que les notes lancinantes d’El condor pasa de Simon & Garfukel résonnent encore, le subterfuge nous est révélé.

© 20th Century Fox

De flash-backs en faux-suspens, le réalisateur conduit le misérabilisme à son paroxysme. Plus qu’un voyage initiatique, le périple de la jeune femme se rapproche davantage d’un chemin de croix absurde d’où elle ne tirera un enseignement que par dépit. Le manque de poésie, l’absence d’incarnation des paysages, la mise en scène démonstrative peinent à nous conduire à travers une route pourtant déjà tracée. Si la photographie émeut, il n’en demeure que l’ensemble manque trop d’envergure pour bouleverser. L’homme, vain, ne fait qu’arpenter sans relâche les merveilles de la nature sans parvenir à jouir de sa propre évanescence.