Le gay savoir
Le 1er juin 2023
Chronique familiale au vitriol et portrait attachant d’un enfant en proie au doute. Un film québécois séduisant.
- Réalisateur : Jean-Marc Vallée
- Acteurs : Michel Côté, Marc-André Grondin, Danielle Proulx, Pierre-Luc Brillant, Mariloup Wolfe
- Genre : Comédie dramatique, Musical, LGBTQIA+
- Nationalité : Canadien
- Distributeur : Océan Films, L’Atelier Distribution
- Durée : 2h09mn
- Reprise: 31 août 2022
- Date de sortie : 3 mai 2006
– Reprise en version restaurée : 31 août 2022
Résumé : De 1960 à 1980, entouré de ses quatre frères, de Pink Floyd, des Rolling Stones et de David Bowie, entre les promenades en moto pour impressionner les filles, les pétards fumés en cachette, les petites et grandes disputes et, surtout, un père qu’il cherche désespérément à retrouver, Zach nous raconte son histoire...
Critique : Il existe des films sortis de nulle part, dont on n’attend pas grand-chose a priori, mais qui réussissent à vous toucher profondément grâce à l’universalité de leur propos, malgré quelques défauts évidents. Des films fragiles, bancals, dont l’imperfection est la condition sine qua non de leur grande sincérité. C.R.A.Z.Y. est assurément l’un de ces films.
- © 2005 Cirrus Productions. Tous droits réservés.
Cette chronique d’une famille québécoise moyenne aurait pu se dérouler dans n’importe quelle autre partie du globe. Nous connaissons tous au moins un membre de cette famille et aurions tous pu vivre sous ce toit abritant des conflits violents, des secrets inavouables, des jalousies frustrantes mais aussi des moments de bonheur, d’humour et de joie de vivre. Le revers de la médaille, c’est bien sûr l’aspect caricatural des personnages : la mère discrète et dévouée, le père rigide et têtu, le fils intellectuel, le rebelle, le sportif sans cervelle (et accessoirement pétomane notoire !) et le glouton petit dernier.
Et puis il y a Zach, le quatrième. Celui qui est au centre du récit, depuis sa naissance, le jour de Noël, jusqu’à ses vingt-et-un ans. De 1960 à 1981, le temps va défiler autour de quelques points d’ancrage (les fêtes de Noël, le lavage de la voiture paternelle...). Deux décennies durant lesquelles nous suivons l’évolution de cet enfant sensible et "différent", tout en étant la somme de tous ses frères. Cette différence va d’abord séduire son père, pour lequel il sera le fils préféré, avant qu’il ne découvre ce qui rend son enfant si spécial, à savoir une homosexualité latente. Nous touchons là au thème essentiel de ce film : l’impossibilité de trouver son identité due à une volonté d’être "normal" aux yeux des autres (et en particulier de son père). Car Zach refuse cette homosexualité et va se livrer à un combat intérieur douloureux avant de se rendre à l’évidence.
- © 2005 Cirrus Productions. Tous droits réservés.
Ce magnifique sujet est servi par une mise en scène fluide et élégante, comportant quelques trouvailles visuelles oniriques et surprenantes mais aussi, malheureusement, quelques effets de clip de mauvais goût (abus du ralenti par exemple), qui viennent noircir légèrement le tableau.
Le film bénéficie également d’une liberté de ton réjouissante qui prouve que nos amis québécois ne sont pas frileux (sexe, drogues, crudité du langage...). Quant à l’aspect humoristique, il est indéniable et renforcé par le décalage savoureux de la langue québécoise. Il faut, à ce propos, saluer la justesse de la prestation de tous les protagonistes, et notamment celle de Michel Côté (le père de famille).
Enfin, il est impossible de ne pas évoquer les musiques utilisées pour le film et qui jouent un rôle prépondérant. Le titre Crazy, de Patsy Cline, disque préféré du père, symbolise à lui seul cette famille puisque chaque lettre du mot est le début des prénoms de chaque enfant. De plus, à l’image de la famille qui explose, le disque est brisé à deux reprises. Et puis il y a David Bowie, Pink Floyd et les Rolling Stones (ah quelle belle idée ce Sympathy for the Devil dans l’église !) qui accompagnent très justement Zach dans sa rébellion et son mal-être chronique.
Malgré quelques fautes de goût, C.R.A.Z.Y. est donc une réussite. La description d’une folie domestique ordinaire faite de sang, salive, sueur et larmes, qu’il serait dommage de manquer.
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vincentho 14 mars 2007
C.R.A.Z.Y. - Jean-Marc Vallée - critique
On n’a pas l’habitude de voir des films canadiens francophones, et celui-ci est plutôt réussi. L’accent des comédiens est un plus ! (d’ailleurs on a droit aux sous-titrs en français !)
Norman06 22 avril 2009
C.R.A.Z.Y. - Jean-Marc Vallée - critique
Gentille comédie gay friendly. La mise en scène ne révolutionne pas l’histoire du genre mais les personnages sont attachants, en dépit de quelques lourdeurs.