Le 9 décembre 2018
Plongée magistrale dans l’enfer d’une famille.
- Réalisateur : Jean-Marc Vallée
- Acteurs : Patricia Clarkson, Amy Adams, Chris Messina
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- : Warner Home Video
- Durée : 8 x 50mn
L'a vu
Veut la voir
– Sortie DVD : le 28 novembre 2018
Résumé : Camille Preaker, journaliste spécialisée dans les affaires criminelles récemment libérée d’un hôpital psychiatrique après des années d’automutilation, retourne dans sa ville natale de Wind Gap, Missouri, pour enquêter sur le meurtre d’une jeune fille et sur une disparition. Elle est hébergée dans la maison de son enfance sous l’œil critique de sa mère, la mondaine Adora. Camille va devoir affronter ses vieux démons.
© 2018 HBO - Warner Bros. Tous droits réservés.
Notre avis : Camille boit, Camille se scarifie, Camille refuse qu’on la touche. Et Camille est journaliste. Quand des meurtres de fillettes ont lieu dans sa ville natale, la sinistre bourgade de Wind Gap, son patron l’y envoie pour, de manière paternelle, l’aider à se débarrasser de ses fantômes. Et la voilà qui retrouve dès le premier épisode une famille toxique, avec sa mère glaciale que son mari supporte en écoutant continuellement de la musique, et sa demi-sœur Amma au comportement trouble. Passent également des figures plus ou moins importantes, parmi lesquelles un policier rejeté parce qu’il vient du Texas et un groupe de femmes qui ne vivent que de leurs commentaires malveillants. C’est que Sharp objects est d’abord une série d’atmosphère, qui délivre peu à peu son message empoisonné : le poison aussi concret (mais on n’en dira pas plus) que métaphorique, c’est celui des petites villes et des familles, mondes clos dans lesquels chacun se nourrit de ressentiments et de rancœurs et porte en lui des secrets éprouvants. Il faut bien le dire, la série est envoûtante, mais aussi pénible tant elle explore avec finesse une suite hallucinante de noirceurs ; presque sans élever le ton et sans images choc, elle déploie des relations délétères qui enfoncent peu à peu le spectateur au cœur d’un enfer quotidien (les deux derniers épisodes sont quasiment insoutenables).
Remarquablement scénarisée, cette adaptation d’un roman de Gillian Flynn (Sur ma peau) repose sur une interprétation impeccable (Patricia Clarkson, qui incarne la mère, côtoie les sommets glaçants), mais elle trouve également très vite son identité visuelle, moins par des images récurrentes, même s’il y en a (les ventilateurs, les patins à roulettes, le rituel du réveil chez le policier ou l’aiguille sur un vinyle), que par un art consommé du montage : les coupures abruptes mêlent les époques à la manière d’une mémoire involontaire liant plusieurs époques, ce qui déstabilise dans un premier temps mais se justifie ensuite quand l’histoire progresse et que les souvenirs et/ou les fantasmes prennent tout leur sens.
Une grande série donc, qu’on suit avidement (les huit épisodes paraissent bien courts) et qui fouille là où ça fait mal, dans la famille vue comme une prison, elle-même comprise dans une de ces charmantes petites villes où tout le monde se connaît et se nuit : une prison dans une prison. Difficile d’y respirer : à la chaleur du Sud s’ajoute cette atmosphère irrespirable et nuisible, une violence morale omniprésente. Bref, si le monde décrit n’est pas des plus réjouissants, Sharp objects distille un charme prenant et croissant, qui fait qu’on avale les épisodes en suffoquant.
Dernière précision : pour tout comprendre, il faut laisser se dérouler le générique du dernier épisode.
Les suppléments :
Un court module sur la création de Wind Gap, la petite ville imaginaire de la série. C’est très peu et très court (5mn), même si ça ne manque pas d’intérêt.
L’image :
La copie est dans la norme des DVD actuelles : définition satisfaisante, couleurs chatoyantes, noirs profonds, contrastes corrects. C’est encore mieux dans les séquences extérieures, qui ont l’éclat voulu.
Le son :
La VO 5.1 est chaleureuse, mettant en valeur les voix avec toutes leurs nuances. Peu d’occasions de vibrer, mais les passages musicaux ont toute l’intensité nécessaire. La VF, en revanche, si on compare les deux pistes, est maladroite, avec un doublage éprouvant.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.