(Soleil noir)
Le 18 juin 2003
Un rock sombre et marécageux. Pas du tout la bande-son idéale de votre été.
- Artiste : Sunn O)))
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Vous aimez les parenthèses ? Vous aimez Sigur Ros ? Alors, allez jeter une oreille sur le disque de Sunn O))). C’est pareil, et c’est complètement différent.
Outre leur penchant pour les parenthèses, Sigur Ros et Sunn O))) ont en commun cette même fascination pour les coins vierges et sombres du rock, ces cratères béants laissés volontairement en friche par la quasi-totalité de la planète rock sous prétexte qu’ils n’abritent aucun riff, aucune mélodie, aucune "accroche". Sigur Ros a eu le mérite de faire découvrir à un public plus large les beautés insoupçonnées par beaucoup d’un rock quasi-instrumental, liturgique et pastoral. Leur univers sent la banquise, le varech, et la voix de castra de Jonny Birgisson envoie parfois le quatuor islandais tutoyer les nuages. Et bien Sunn O))) a le même point de départ (un rock quasi-instrumental à tendance liturgique), mais prend ensuite carrément la tangente, préférant les laves incandescentes du centre de la terre aux nuages.
Centré autour du guitariste-bassiste Stephen O’Malley (ex-Lotus Eaters) et du batteur Greg Anderson, Sunn O))) est en fait un groupe à géométrie variable, qui accueille selon les disques le gratin des musiciens américains donnant dans le rock expérimental à tendance métal (des ex-Melvins et des ex-Earth, pour les connaisseurs, viennent régulièrement se joindre à O’Malley et Anderson). Ce qui fait de White1 une pièce unique, c’est la présence de l’excentrique grande gueule anglaise Julian Cope sur l’un des trois morceaux du disque. L’an dernier, Cope est en effet tombé en pâmoison devant le précédent opus de Sunn O))), le terrifiant et fascinant Void 00. Il décide alors de tout faire pour travailler avec le duo, et écrit une ode à la puissance du son de Sunn O))), ode que l’on retrouve sur cet album sous le titre My Wall. Cope y déclame son admiration sur un ton apocalyptique, soutenu par des accords de guitare menaçants aux tonalités sombres qui illustrent le texte, 25 minutes durant : "Play your gloom axe Stephen O’Malley, sub-bass clinging to the sides of the valley" (joue de ta guitare lugubre Stephen O’Malley, les basses résonnant d’un côté à l’autre de la vallée).
Ridicule et fascinant à la fois, à l’image de la musique de Sunn O))), qui peut être perçue, suivant les humeurs, comme le pire de Bela Lugosi récitant du Ed Wood, ou comme l’indispensable pendant terrien et marécageux à l’univers pastoral de Sigur Ros. Indispensable aux tréfonds de votre discothèque, en tout cas.
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