Rock
Le 13 novembre 2002
Périple au centre de la terre. Fascinant, énigmatique et glacé.
- Artiste : Sigur Rós
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Fable féerique proche du surnaturel, le nouvel album de Sigur Rós est fascinant, énigmatique et glacé. Périple au centre de la terre.
L’Islande, pays des geysers, des remontées de magma, des créations de nouveaux territoires. Pays de Björk et de Gus Gus. Contrée éloignée, fascinante par sa beauté. Lieu où la nature règne encore en maître. Né sur cette terre aride et isolée du monde, Sigur Rós (Rose Victoire en islandais) est de retour. Après trois années d’absence (depuis le magnifique Ágætis Byrjun en 1999), le quatuor a décidé de refaire surface, en livrant un album hors du commun. Bon voyage.
Disjoncté et planant, ( ) va au-delà des espérances. Voyage initiatique à la recherche de nos troubles intérieurs, l’album s’ouvre à nous tel un immense champ musical prêt à être labouré. ( ) est une succession de huit titres sans nom, ponctué en son milieu par une pause de trente secondes, respiration symbolique marquant le point de rupture de l’album, la phase de réveil après un coma.
Huit morceaux indescriptibles et indissociables, forgés dans une même matière, amalgame à l’image d’un pays où s’assemblent les extrêmes, l’eau et le feu. Délire symphonique post-rock, alliant voix, piano, guitare, batterie et basse, immergeant l’auditeur dans les compositions qui suivent une progression pas à pas, pour finir en feux d’artifices sur les deux derniers titres.
Portée par une orchestration sublime de mélancolie, la voix cristalline et pure de Jónsi Birgisson transcende le mystère des compositions par les paroles tantôt chantées en islandais, tantôt en "hopelandish" (langue de l’espoir), langage imaginaire dont seul Birgisson possède les clefs de traduction. Face aux quelques défauts de Ágætis Byrjun (grandiloquence des orchestrations et surenchère d’effets), le quatuor a pris les choses en main. Conscient de leur capacité a donner des ailes à la musique acoustique, le combo s’est orienté vers un certain minimalisme, déshabillé de toutes fioritures inutiles.
( ) marque par la simplicité et l’efficacité de son écriture. Après huit années d’existence et de navigation dans les limbes du rock, les Islandais continuent à jouer avec notre mélancolie pour le plus grand plaisir de nos sens.
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