Axe du Mal
Le 2 novembre 2012
L’un des épisodes les plus marquants de la résistance allemande, mené sur le mode du suspense et de l’action. Une entreprise maîtrisée et dosée, mais dont le plaidoyer pour l’héroïsme aurait gagné à suggérer davantage de nuances.
- Réalisateur : Bryan Singer
- Acteurs : Tom Cruise, Tom Wilkinson , Kenneth Branagh, Thomas Kretschmann, Terence Stamp, Bill Nighy, Carice van Houten, Eddie Izzard, Christian Berkel
- Genre : Drame, Thriller, Historique
- Nationalité : Américain, Allemand
- Distributeur : TFM Distribution
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 28 mai 2024 21:00
- Chaîne : Paris Première
- Titre original : Valkyrie
- Date de sortie : 28 janvier 2009
Résumé : S’il a toujours été un fidèle serviteur de son pays, le colonel Stauffenberg s’inquiète de voir Hitler précipiter l’Allemagne et l’Europe dans le chaos. Comprenant que le temps presse, il décide de passer à l’offensive : en 1942, il tente de convaincre plusieurs officiers supérieurs de la nécessité de renverser Hitler. Un an plus tard, tandis qu’il se remet de ses blessures de guerre, il rejoint la Résistance allemande pour mettre au point l’Opération Walkyrie destinée à éliminer le Führer. Alors qu’il n’était au départ qu’un des nombreux conspirateurs, Claus von Stauffenberg se retrouve bientôt en première ligne : c’est lui qui devra assassiner Hitler...
Critique : Des plages d’Iwo Jima au ghetto de Varsovie, du bunker de Hitler à Pearl Harbor, le cinéma de la dernière décennie semble avoir connu un regain historique particulièrement vigoureux à l’égard de la Seconde Guerre mondiale. C’est avec la même ardeur que Bryan Singer s’approprie ici l’attentat du 20 juillet 1944, resté dans l’histoire de la résistance allemande comme la tentative la plus audacieuse et organisée pour mettre un terme à la vie du Führer.
- © TFM Distribution
Le film restitue donc l’atmosphère nébuleuse de complot flottant autour du projet des conspirateurs : derrière les regards entendus, chacun sait qu’il risque sa vie et celle de sa famille, en se rendant coupable de haute trahison. Singer traite l’épisode historique comme une matière à thriller, appliquant presque à la lettre la définition du suspense par Hitchcock, qui affirmait qu’il était plus angoissant pour le spectateur d’assister consciemment à une scène de quinze minutes anticipant l’explosion d’une bombe, que de sursauter un instant à la déflagration inattendue de celle-ci. Le rythme se veut nerveux, tout en conservant une part de classicisme dans la réalisation et le montage : les enchaînements sont vifs, minutieux et précis, mais les scènes qui déploient le plus d’action ou d’intensité émotionnelle restent davantage dans la lignée d’Usual Suspects que dans celle de la trilogie des Jason Bourne. Le sens du détail ou du mouvement de caméra maîtrisé réussit ainsi à procurer une sensation de plaisir certain, comme dans la scène où Stauffenberg prend conscience dans un vertige, aux sons des bombardements et de la chevauchée des Valkyries, de la nécessité de son engagement. Bryan Singer semble veiller à ne laisser aucune place au hasard, et à mener d’un bout à l’autre de l’histoire son spectateur, sans que ce dernier, entraîné par la vitesse du déroulement narratif, ait vraiment le temps de prendre la mesure de l’ensemble.
- © TFM Distribution
C’est précisément l’une des faiblesses du film : à trop se protéger derrière une carapace d’héroïsme et de détermination, l’épisode mis en scène perd de son ambiguïté et de sa qualité émotionnelle. Si l’on peut apprécier le désarroi d’un Bill Nighy ou le mutisme toujours suggestif de Terence Stamp, la prestation de Tom Cruise, qui démontre par ailleurs qu’il conserve une énergie toujours égale, est desservie par une psychologie taillée au marteau : il est malheureusement assez cocasse et peu crédible d’entendre son personnage, Stauffenberg, faire lourdement la démonstration de ses valeurs de courage et d’héroïsme dans des dialogues très explicites et ampoulés, quand ses actions les auraient suggérées avec bien plus de force. Bien que le point de vue se place exclusivement du côté allemand - nazis comme résistants -, ce qui se dégage le plus souvent est l’impression d’une curieuse transposition du héros américain typique à la réalité historique allemande (les conspirateurs du 20 juillet étaient des officiers, la plupart issus des couches aristocratiques). Le film oscille ainsi entre touches précises de nuances troublantes (certains des conspirateurs ont effectivement été filmés durant leur agonie, à la suite de leur exécution par pendaison) et morale chevaleresque : curieuse relique de la guerre, mais signe que son “actualité” continue de nous torturer.
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roger w 31 janvier 2009
Walkyrie - Bryan Singer - critique
Très bon thriller historique, Walkyrie a le mérite d’évoquer un point peu connu de l’histoire allemande, notamment pour le grand public. Traité à la sauce hollywoodienne, l’ensemble ne manque pas de charme et de punch, d’autant qu’il est servi par une réalisation efficace et des acteurs visiblement très concernés. Tom Cruise est plutôt bon, Terence Stamp apporte noblesse à son personnage et l’on est très content de retrouver Kenneth Branagh dans une composition à la hauteur de son talent. Voilà un film commercial qui sait allier efficacité et intérêt historique. A conseiller.
birulune 6 juin 2018
Walkyrie - Bryan Singer - critique
Je me souviens plus du film en entier. Les quinze minutes de fin. Tout est là. Le reste c’est du Hitchcock en effet. L’engouement pour le führer manque de réalisme (le gradé qui hurle qu’Hitler est vivant, la scène de procès) car à cette époque, grâce à la radio justement et aux journaux, on découvrait soudain que la bataille pouvait être perdu, eux qui n’en avaient perdu aucune, et chacun se demandait ce qui allait advenir dans un futur très proche dans cette bonne vieille Allemagne. Pour inverser une expression issue du Cinéma Sous Les Années Reagan( à propos de Rambo) "c’est le coup de couteau militaire dans le dos civil". A croire que seul des héros comme Stauffenberg (ça sonne juif c’est marrant pour un nazi) peuvent avoir un avis éclairé sur la sortie de route diplomatique du pays !
Ils étaient la lance et le javelot, Hitler était le lanceur. Pour Napoléon la conspiration de Malet fut le signe que c’était le début de la fin. Le film aurait dû montré ça. Le magnétisme et l’aura hitlérienne n’avaient plus le vent en poupe et c’était avant tout un pays qui cherchait à se sauver tout seul, et c’est ces messieurs en uniforme les mieux placés pour le savoir. Ils voulaient sauver les meubles. Ne pas offrir aux russes Berlin sur un plateau. Ils deviennent soudain des héros de l’anti-nazisme, tous ces gradés nazis (soit)
C’est un sacré beau film.