Lire et relire
Le 22 octobre 2002
Publié en 1932, le livre qui a marqué plusieurs générations d’écrivains.
- Auteur : Louis-Ferdinand Céline
- Genre : Roman & fiction, Littérature blanche, Classique de la littérature
- Date de sortie : 16 février 1932
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Le 20 octobre 1932, un jeune éditeur parisien du nom de Robert Denoël publiait l’épais roman d’un auteur inconnu. Soixante-dix ans plus tard, Céline est entré dans l’histoire de la littérature et Voyage au bout de la nuit a marqué plusieurs générations d’écrivains.
"Ça a débuté comme ça." L’incipit de Voyage au bout de la nuit annonce, déjà, la rupture littéraire dans laquelle Céline souhaite s’inscrire. Nous sommes en 1932. Proust est mort depuis dix ans. La question est de savoir comment dépoussiérer la littérature. Certes, il y a eu Vallès, Morand, Dabit, Barbusse ou Dorgelès. Mais, dans ces différents récits, l’utilisation de la langue parlée reste cantonnée aux seuls dialogues.
La géniale trouvaille de Céline s’appelle Ferdinand Bardamu. Ce personnage, tour à tour soldat, gérant de comptoir en Afrique, "agent compte-puces" aux États-Unis puis médecin dans une banlieue pauvre, offre un souffle novateur à la narration. Son apprentissage de l’existence et son regard sur le monde ressemblent à une longue descente vers l’enfer, cruelle et authentique.
Truffé d’aphorismes et d’effets stylistiques novateurs, Voyage est un roman dont il est difficile de faire le tour tant sa richesse impressionne. Enfin, la restranscription de la langue parlée sonne juste et ce, sur quasiment sept cents pages. On ne compte plus, aujourd’hui, les ouvrages critiques s’intéressant aux processus créateurs de Céline. D’ailleurs, lui-même ne s’y était pas trompé. Dans une lettre envoyée en avril 1932 aux éditions Gallimard (qui refusèrent le manuscrit), Céline leur décrit Voyage comme du "pain pour un siècle entier de littérature", promettant "le prix Goncourt 1932 dans un fauteuil pour l’Heureux éditeur qui saura retenir cette œuvre sans pareil" [1].
Après avoir essuyé les critiques les plus acerbes, raté le prix Goncourt et connu l’exil durant dix ans en raison de la publication de trois pamphlets antisémites, Céline a reconnu que Voyage était, sur le fond, son roman le plus méchant. Soixante-dix ans après, ce texte n’a pas pris une ride.
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, Gallimard, 29 €
Également disponible dans la collection Folio (7,60 €)
En illustration, l’édition originale de 1932
[1] Lettres à la NRF, Éd. Gallimard, 1991, p. 15
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