Prose Académie
Le 7 mars 2005
Un regard sombre, des personnages désespérés, des tunnels sans issues, voilà l’univers qu’a construit Adam Haslett dans ce premier recueil de nouvelles. L’art de voir la nuit en plein jour...
- Auteur : Adam Haslett
- Editeur : Editions de l’Olivier
- Genre : Roman & fiction
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Si certains personnages débordent de vie, c’est vraiment tout le contraire pour ceux d’Adam Haslett. Rongés par d’insolubles conflits intérieurs, gavés aux antidépresseurs, en recherche d’affection, de liens familiaux distendus, rarement à leur place, ils souffrent en dedans, en silence, et continuent d’avancer, contre vents et marées. L’ironie du sort étant ce qu’elle est, ces personnages marchent parfois en redressant la tête pour s’apercevoir qu’on ne les attend nulle part, qu’on ne les écoute pas et qu’ils sont désespérément hors jeu.
Le besoin d’avoir des parents en vie, à l’écoute, capables d’éclairer le chemin et de tracer la voie, est certainement l’une des obsessions la plus marquée dans ces neuf nouvelles. Mais cela reste un vœu pieu. Quand ils ne sont pas criblés de dettes ou dévorés par l’angoisse, ces parents sont incapables de tendre l’oreille ou de trouver les mots rassurants. A tel point que certains vont chercher ailleurs ce qu’ils ne peuvent trouver auprès de leurs proches, cette petite part d’affection indispensable et rassurante. En vain... Et quand l’intimité se construit entre un frère et une sœur, c’est pour s’apercevoir qu’ils sont tous les deux amoureux du même homme, fantomatique, délétère, un absent autour duquel ils ont construit tous leurs espoirs.
Adam Haslett a parfaitement saisi ces moments décisifs où l’on comprend que la vie bascule du côté sombre. Les rares notes lumineuses ne sont que de fugitifs instants de lucidité. Cette écriture est prometteuse, ce regard impitoyable. Au final, ce recueil en dit long sur une part de l’humanité malade et décalée, prisonnière d’une société qui l’a consumée à petit feu. Adam Haslett s’immisce de belle façon au cœur de cette famille de nouvellistes américains qui observent leurs semblables emmurés dans un quotidien qui fait figure d’ennemi indestructible. Pas franchement gai, mais franchement réussi.
Adam Haslett, Vous n’êtes pas seul ici (You are not a stranger here, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Pierre Aoustin), Ed. de l’Olivier, 2005, 256 pages, 21 €
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