Capa l’étoile filante - La chronique BD

Résumé :

Reporter lors de la guerre civile espagnole jusqu’à la guerre d’Indochine en passant par le débarquement en Normandie, Robert Capa est une figure majeure de la photographie. Dans un récit à la première personne, Florent Silloray adapte une biographie perçante, perspicace et prenante d’un photographe qui est avant tout un homme.

© Casterman

Notre avis :

En 1954, Robert Capa arrive sans le savoir au terme de sa vie. Peu avant de couvrir la guerre d’Indochine, il fait le point sur sa vie, à quarante ans et après vingt années à parcourir le monde. Né à Budapest, Endre Friedmann a changé de nom pour éviter la misère parisienne, a couvert la guerre civile espagnole par choix, a créé l’agence Magnum pour éviter une dépendance des lignes éditoriales... Mais c’est aussi un homme qui a été amoureux, qui joue et qui boit trop, qui se rend compte qu’il devient dépendant de l’ambiance de guerre... Ses choix, ses hésitations, ses blessures sont racontées avec finesse et simplicité dans un ouvrage écrit avec une bibliographie longue comme le bras. Des citations qui paraissent sortir de la bouche de Capa lui-même, c’est le premier effet d’un album qui livre sans concession une vie troublée, quelque peu écorchée, une vie courte mais intense au milieu d’un siècle déchiré.

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Le deuxième effet réussi de l’album réside dans son dessin. Si Florent Silloray a travaillé ses recherches, il a également su donner à sa bande dessinée une ambiance très photographique. Comme un hommage, la couleur unique rappelle le sépia des anciennes diapos, donnant une coloration très nostalgique à une histoire avant tout tragique. Peu de moments de bonheur, peu de rires, et si l’action est présente à travers des conflits nationaux et mondiaux, chaque planche, chaque bulle demeure figée comme une photographie. Un effet graphique qui se révèle bluffant, car le dessin n’est pas exhaustif, centré sur les personnages, laissant l’arrière plan assez flou, captant les regards plus que les détails. Une ambiance qui peut laisser perplexe au début du récit, mais qui se révèle bien adaptée quand on le referme.

© Casterman

Instructif par son côté biographique, original dans son choix monochrome et figé, L’étoile filante est une histoire sans distorsion, une biographie intéressante d’un personnage intriguant. Pour les amoureux de la photographie, c’est un must, mais pour les autres, ce bel album peut faire l’effet d’une très jolie surprise.