Le 24 septembre 2024
Si Gaël Morel parvient à proposer un film moins radical que ses précédentes œuvres, l’excès de musiques lénifiantes et de mélodrame égare parfois l’attention du spectateur. Vivre, mourir, renaître demeure nécessaire au moment où nombre de personnes semblent oublier que le sida est une maladie grave et mortifère.
- Réalisateur : Gaël Morel
- Acteurs : Stéphane Rideau, Elli Medeiros, Sophie Guillemin, Victor Belmondo , Théo Christine, Amanda Lear, Lou Lampros, Noah Deric
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h49mn
- Date de sortie : 25 septembre 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024, Festival d’Angoulême 2024
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– Festival de Cannes : Sélection officielle, Cannes Première
Résumé : Emma aime Sammy qui aime Cyril qui l’aime aussi. Ce qui aurait pu être un marivaudage amoureux à la fin du siècle dernier va être dynamité par l’arrivée du sida. Alors qu’ils s’attendaient au pire, la destinée de chaque personnage va prendre un virage inattendu.
Critique : Il ne faudrait pas oublier qu’avant les trithérapies, on mourait encore du sida jusque les années 1990. L’AZT était loin d’être efficace et générait des effets secondaires parfois aussi redoutables que la maladie elle-même. Vivre, mourir, renaître se passe justement à cette époque, mettant en scène un couple amoureux et un photographe reconnu, atteint par le HIV. Les sentiments sont multiples, jusqu’à ce que se forme un trio sensuel et amoureux inédit dans un Paris superbement filmé.
Gaël Morel revient au cinéma après de longues années de silence. En soi, le retour de l’acteur d’André Téchiné dans Les roseaux sauvages et du réalisateur d’À toute vitesse constitue un évènement pour de nombreux spectateurs. Ce film est plus mesuré que les œuvres antérieures, et notamment Prendre le large et Notre Paradis où la question sexuelle était plus importante que la narration. Le cinéaste vient ici pour raconter une histoire d’amour atypique où la maladie s’invite en trouble-fête. Et pour une fois, ce ne sont pas les personnages masculins au premier plan, mais bien cette jeune femme, Emma, qui tente de trouver sa place d’amante, de mère et de femme autour de ces deux garçons.
- © 2024 ARP Sélection. Tous droits réservés.
Le réalisateur dresse le portrait de trois jeunes gens, tous assez différents, mais complémentaires. Cyril est un photographe à succès, comme en atteste sa capacité non seulement à posséder un appartement luxueux face à la tour Eiffel et un autre où il a installé son laboratoire de tirage. L’homme, très beau, très élégant, est malade mais son corps finalement semble s’accommoder de ce foutu virus. Il y a Sammy, un jeune homme dont les parents vivent en Martinique, qui aime sa compagne Emma, autant qu’il aime avoir des relations sexuelles de passage avec des hommes. Et il y a Emma, un exemple même d’assurance, de tolérance ; elle est puissante comme une guerrière qui est déterminée à faire le bonheur de son conjoint et de son fils, sans renoncer au sien.
Gaël Morel réalise un film assez ample, emprunt de romantisme. Sa mise en scène est volontairement romanesque, à la façon d’un film d’André Téchiné qui se plaît à accompagner le récit de voix off et de magnifiques plans larges sur des paysages pittoresques. La musique est quasi permanente, à grand renfort de violon, de piano sanglotant, avec manifestement un peu d’excès. Là où normalement l’insertion de plages musicales élève le récit d’un point de vue émotionnel, elles sont si nombreuses, si amples, qu’elles finissent par obstruer la fiction et forcer le côté mélodramatique. Ce choix est très dommageable car le trio est très beau, d’autant plus quand la maladie s’acharne à les séparer et à les faire souffrir. Les malades se traînent, en rajoutent dans les symptômes extérieurs, au risque de ne pas être crédibles dans l’expression de cette maladie terrible qu’est le sida. On est loin de l’émotion immense de 120 battements par minute qui décrivait avec une très grande acuité les répercussions quotidiennes du HIV.
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Gaël Morel rate un peu son intention en faisant un film finalement assez convenu, trop romantique et pas assez documenté sur les conséquences réelles du sida chez les patients. Maintenant, le réalisateur permet à une myriade de jeunes comédiens de se révéler devant l’écran, à commencer par Paul Belmondo, qui, d’un film à l’autre, se bonifie ; et Lou Lampros qui s’affirme comme l’une des plus grands espoirs de nos écrans.
Vivre, mourir, renaître ne signera pas le grand retour de Gaël Morel. Mais dans tous les cas, le long-métrage devra servir de détonateur à nombre de jeunes gens qui continuent de penser, depuis les trithérapies, que le sida n’est pas une maladie mortelle.
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