Le 25 octobre 2017
Entre chronique sociale et drame intimiste, Gaël Morel et Sandrine Bonnaire unissent leurs talents et nous proposent une histoire optimiste sur fond de délocalisation.
- Réalisateur : Gaël Morel
- Acteurs : Sandrine Bonnaire, Lubna Azabal, Mouna Fettou, Kamal El Amri, Ilian Bergala, Farida Ouchani
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 8 novembre 2017
- Festival : Festival d’Angoulême 2017
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Résumé : Édith a quarante-cinq ans, elle est ouvrière dans une fabrique de textile bientôt délocalisée au Maroc. Plutôt que le chômage, elle préfère suivre son usine jusqu’en terre inconnue, loin de son fils et sans attaches.
Critique : Gaël Morel, qui s’est d’abord fait connaître grâce à son rôle dans Les roseaux sauvages d’André Téchiné en 1994, réalise son cinquième long-métrage. Après avoir dirigé Catherine Deneuve dans Aprés lui en 2007, puis Béatrice Dalle dans Notre paradis en 2011, il confie cette fois à Sandrine Bonnaire le soin d’incarner cette femme digne et bien déterminée à transformer ce qui ressemble à un piège en une renaissance.
Souhaitant rendre hommage au milieu ouvrier dont il est issu, le réalisateur installe son décor dans l’un des secteurs les plus sinistrés de l’économie française, celui qui chaque année laisse sur le carreau des salariés désarçonnés par les propositions de reclassement indignes qui leur sont faites.
- Copyright Michaël Crotto
Même s’il y a déjà quelque temps qu’elle ne croit plus au pouvoir des syndicats, Édith continue à considérer le travail comme une valeur fondamentale assurant fierté et lien social. À part son amie Nadia, (Lubna Azabal, émouvante d’authenticité), elle-même originaire du Maroc, qui tente de la dissuader de partir, personne ne la retient. Veuve, elle vit solitaire dans une petite maison sans charme que son fils, rêvant d’horizons plus glorieux, a déserté depuis longtemps. Des plans rétrécis dus au choix du format Scope nous persuadent sans peine de l’étroitesse de la vie d’Édith. C’est donc sans remords qu’elle franchit le détroit de Gibraltar pour démarrer une nouvelle vie à Tanger, ville en pleine expansion mais dangereuse pour qui n’en connaît pas les règles et tout particulièrement pour celle que ses habitants ne tarderont pas à surnommer avec défiance « la Française ». Si le thème abordé sous le même angle par Éric Gravel dans Crash test Aglaé avait donné naissance l’été dernier à une comédie décalée et poétique, le film de Gaël Morel s’inscrit dans une démarche plus réaliste.
- Copyright Michaël Crotto
Changement de décor et de cadrage pour nous plonger dans cette nouvelle ambiance ensoleillée et grouillante d’un Maroc bien vivant. Pourtant, le scénario exempt de toutes fioritures dépeint sans concession l’inhumanité de la condition ouvrière où les lois sociales sont quasi inexistantes et où la solidarité entre les travailleuses est impossible. Il ne reste plus à Édith qu’à se tourner vers sa logeuse et son fils (Mouna Fettou et Kamal El Amri) pour tenter de trouver un peu de chaleur humaine. Même si tous deux symbolisent un Maroc tolérant tourné vers l’avenir (Mina est une femme divorcée et libre qui gère seule sa maison d’hôtes, Ali est un garçon lucide et attachant n’ayant pas d’autre ambition que de découvrir le monde), ils jaugeront longuement le courage et la ténacité d’Édith, cette étrangère, à qui Sandrine Bonnaire, sensible et juste, insuffle une réelle crédibilité, avant de lui accorder leur amitié.
- Copyright Michaël Crotto
À contre-courant du modèle habituel de l’immigration économique, le film porte un regard poignant mais optimiste sans jamais être naïf sur les différences culturelles et la difficulté à les surpasser. Si ce trio impeccable (auquel viendra s’ajouter Ilian Bergala dans le rôle du fils plus complexe qu’il n’y paraît) apporte un éclairage chaleureux à cette fresque humaine, c’est sans conteste Sandrine Bonnaire au jeu expressif nourri de mille nuances qui accorde toutes ses lettres de noblesse à ce portrait de femme sincère. Entre mélancolie et espoir, elle transforme avec grâce un sujet douloureux en un récit apaisant et romanesque dont le lyrisme est encore renforcé par la musique de Camille Rocailleux (qui avait déjà composé la musique de Notre paradis).
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