Amours chiennes
Le 9 novembre 2024
Noir et sensuel, un tryptique qui sonde avec brio le malheur du monde.
- Réalisateur : Gaël Morel
- Acteurs : Nicolas Cazalé, Bruno Lochet, Stéphane Rideau, Aure Atika, Jackie Berroyer, Vincent Martinez, Thomas Dumerchez, Salim Kechiouche
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : ID Distribution
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 16 juin 2004
Résumé : Trois frères, trois histoires : Marc qui noue une relation exclusive avec son chien et ne supporte plus le monde cloisonné dans lequel il vit ; Christophe qui sort de prison et tente de se réinsérer dans la vie active ; et Olivier, le benjamin, qui cherchera de l’affection auprès d’un frère de substitution.
Critique : Avec François Ozon (première période) et Sébastien Lifshitz, Gaël Morel fait partie de ce jeune cinéma français gay qui parle le mieux de la sexualité ambiguë des jeunes mâles. Disciple émérite de Téchiné (esthétique, thématique), Morel a souvent signé des films prometteurs mais approximatifs (À toute vitesse, Premières neiges...). Or, dans Le clan, les scories ne sont plus. On est d’emblée séduit par la rigueur d’un scénario épuré (coécrit avec Christophe Honoré), qui sait être grave sans surligner les scènes, poignant sans faire du chantage à l’émotion, dense sans tomber dans l’esbroufe.
Le sujet ici n’est pas tant l’homosexualité que la vengeance sous toutes ses formes. Les personnages doivent se battre pour exister, sinon ils se font écraser par la société. Accessoirement, c’est une histoire de deuil où un père de famille est confronté seul à la détresse de ses fils et ne sait pas comment y répondre. On suit trois destins, trois itinéraires tortueux de trois frères fâchés avec la vie. Il est certain que le spectateur goûtera les personnages et les situations selon sa sensibilité. Mais il y a un fait qu’on ne peut pas enlever à Gaël Morel : c’est probablement le cinéaste actuel qui filme le mieux la féminité des hommes ; des gestes affectifs, des mots, des attitudes qui trahissent un mal-être, une fragilité sous un corps brut et insensible.
À la manière d’une série de courts métrages différents mais intrinsèquement liés, le film navigue dans tous les genres (la première histoire s’apparente au thriller, la seconde à la chronique sociale, la troisième est un hymne à la vie et à l’amour). Dans ses meilleurs moments, Morel parvient à faire de son récit un triptyque à la Amours chiennes, avec ce brio pour fureter dans divers registres sans s’éparpiller. Constituant la bande du cinéaste depuis ses débuts (Stéphane Rideau, Nicolas Cazalé...), les acteurs sont tous au diapason ; la mention spéciale allant à l’excellent Salim Kechiouche qui, des Amants criminels à Grande école, n’a cessé d’incarner un fantasme. À chaque fois, cet acteur subtil a su transcender le caractère tristement archétypal de ses personnages, en leur apportant une émotion réelle, palpable. Le feu intérieur qui scintille en lui illumine cette chronique noire et sensuelle, âpre et désenchantée, sur le malheur du monde.
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river 20 avril 2005
Le clan - Gaël Morel - critique
Un film remarquablement mis en scène par son réalisateur Gaël Morel. Si vous ne l’avez pas encore vu, c’est le moment de l’acheter ! Haine, passion, sensualité, amour, rage, .. On trouve de tout dans ce film aux décors monstre. D’accord ce n’est pas le titanic, mais l’image en vaut bien le coup d’oeil.
Voir en ligne : Visitez aussi le site de Thomas Dumerchez