Le 17 mai 2021
Un documentaire rare et précieux, à l’instar de son réalisateur, Gaël Morel, trop absent de nos écrans de cinéma. A ne rater sur aucun prétexte.
- Réalisateur : Gaël Morel
- Genre : Moyen métrage
- Durée : 56mn
- Date télé : 18 décembre 2020 00:15
- Chaîne : France 3
- Date de sortie : 18 décembre 2020
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Résumé : À travers les portraits de jeunes adultes exclus du foyer familial à cause de leur homosexualité, Gaël Morel veut donner à voir le désastre de la pire des homophobies, celle qui se pratique en famille. Comment de jeunes gens réapprennent à vivre, à se respecter et à se projeter dans l’avenir après avoir été détruits par ceux qui auraient dû les aimer ? Gaël Morel, parrain de l’association Le Refuge, a souhaité donner la parole à ces jeunes filles et garçons victimes d’homophobie intrafamiliale.
Critique : Ils ont la voix encore fragile de jeunes gens à peine sortis de l’adolescence. Ce sont des garçons, des filles qui ont en commun une expérience de la violence, au sein de leur famille à l’annonce de leur homosexualité. Violence est un euphémisme. On parle d’humiliations, de coups, de tortures morales, de manipulations, de mises à la rue et même de tentatives de meurtre. Ils ont connu les foyers, les caves, la peur. Et pourtant, ils sont là, debout, le visage souriant, dans la lumière de la caméra de Gaël Morel. Ils se livrent dans une infinie simplicité, sans forcer la douleur. Les larmes sont rares, voire absentes. Et pourtant, on mesure l’effroi et l’horreur de leurs vies déjà bien longues.
- Copyright Mitiki OHNK 2020
On parle maintenant de la violence commise contre les femmes. Du moins, les médias l’abordent, sans toutefois parler de l’autre violence, non pas celle des conjoints, mais celle d’une société qui ne donne pas la place sociale et l’autonomie financière suffisante à ces épouses, pour se sortir des coups. Ici, Gaël Morel parle d’enfants. Sa caméra capte la lumière des yeux. Il parle d’enfants qui ont donné leur corps à des adultes contre de l’argent, parce qu’il fallait échapper à la violence de la famille. Ils ont honte. Mais ils disent que sans la prostitution, ils n’auraient pas trouvé les moyens de leur autonomie. On est loin des clichés de l’homosexualité exubérante. Ils parlent d’une sexualité contrainte, avec pudeur et délicatesse. Ils parlent d’une famille qu’ils auraient préféré meilleure. Ils parlent d’eux, parfois dans le tremblement de la mer.
- Copyright Mitiki OHNK 2020
L’œuvre de Gaël Morel, trop rare aujourd’hui sur nos écrans, a souvent abordé des êtres juvéniles en rupture avec eux-mêmes et la société. La grande sensibilité du cinéaste l’amène à parler de destins fracturés, poussés à l’extrême, parfois jusqu’à la mort. Cette fois, le réalisateur qui s’essaye à l’art du documentaire, se fait plus doux, plus humble. Les plans sont fixes. Le cinéaste ne force pas les confidences. Il laisse les paroles se nouer dans l’intimité de l’échange entre lui et ses témoins. Le spectateur est presque invité à prendre place auprès de ces jeunes gens. Jamais Morel ne force la douleur. La musique qui accompagne les confidences est remplie d’espoir au contraire. Et les mots que glissent les jeunes gens à la caméra sont étonnamment mesurés.
- Copyright Mitiki OHNK 2020
Car Famille tu me hais est, peut-être, moins un film sur la douleur de la révélation de son homosexualité que sur la résilience dont toute la jeunesse d’aujourd’hui est capable. Qu’il s’agisse de James, de Jenny, leurs parcours de vie jonchés de ruptures démontrent la capacité de toute une génération à donner une respiration à son avenir. Voilà une très belle occasion de revisiter l’œuvre de Gaël Morel et de rendre hommage à tous ces jeunes qui ont décidé de transformer leurs vies en des preuves de bonheur.
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