Vibe disciple & Highvisators

A l’heure des restructurations dans l’industrie de la musique, le label lyonnais prouve une nouvelle fois qu’avant de parler d’argent et de rentabilité, ce secteur devrait s’intéresser plus à la musique qu’à l’industrie. Les deux nouvelles livraisons dub de JFX témoignent assez bien de la richesse du label, qui étoffe son catalogue de mois en mois : l’électro dub mélodique et planant de Löbe Radiant Dub System, subtil et raffiné, s’oppose à la machine de guerre à l’efficacité sans faille née de l’hybridation Improvisators dub/high tone. Mais cette description rapide traduirait une catégorisation industrielle simpliste : Highvisators, dans son utilisation de l’acoustique (cithare, mélodica) et à travers des samples lointains et amplifiés, déverse sa dose de plane à l’ensemble. De la même façon, Löbe peut, via une guitare virtuose, des voix profondes et torturées, délivrer un breakbeat sophistiqué qui se terminera dans une jouissive sauvagerie.

S’il fallait trouver des points communs à ces deux albums, il faudrait peut-être chercher dans cette façon quasi scientifique de structurer les morceaux, alternant aérations et rebonds, et dans les couples basse/batterie, prédominants et massifs. Car malgré deux approches opposées, roots pour Highvisators et moderne chez Löbe, le dub Jarring possède un son reconnaissable entre tous. Rendez-vous compte, l’entreprise est de taille : écrire la troisième grande page de l’histoire du dub, après les épisodes jamaïcains et anglais.

Car si l’industrie retiendra dans son histoire les évictions d’Ophélie et de MC Dolaar de leur maison de disques comme des faits marquants, l’histoire de la musique verra Vibe disciple et Highvisators comme des témoignages précieux ayant alimentés cette période riche et excitante.