Le 11 août 2019
Sorj Chalandon change ici de registre, mais nous offre un roman tout aussi empreint d’humanité que ses œuvres précédentes. Un livre nécessaire.
- Auteur : Sorj Chalandon
- Editeur : Grasset
- Genre : Roman
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 14 août 2019
- Festival : Rentrée littéraire 2019
Résumé : Jeanne est une femme formidable. Tout le monde l’aime, Jeanne. Libraire, on l’apprécie parce qu’elle écoute et parle peu. Elle a peur de déranger la vie. Pudique, transparente, elle fait du bien aux autres sans rien exiger d’eux. A l’image de Matt, son mari, dont elle connaît chaque regard sans qu’il ne se soit jamais préoccupé du sien. Jeanne bien élevée, polie par l’épreuve, qui demande pardon à tous et salue jusqu’aux réverbères. Jeanne, qui a passé ses jours à s’excuser est brusquement frappée par le mal. « Il y a quelque chose », lui a dit le médecin en découvrant ses examens médicaux. Quelque chose. Pauvre mot. Stupéfaction. Et autour d’elle, tout se fane. Son mari, les autres, sa vie d’avant. En guerre contre ce qui la ronge, elle va prendre les armes. Jamais elle ne s’en serait crue capable. Elle était résignée, la voilà résistante. Jeanne ne murmure plus, ne sourit plus en écoutant les autres. Elle se dresse, gueule, griffe, se bat comme une furie. Elle s’éprend de liberté. Elle découvre l’urgence de vivre, l’insoumission, l’illégalité, le bonheur interdit, une ivresse qu’elle ne soupçonnait pas. Avec Brigitte la flamboyante, Assia l’écorchée et l’étrange Mélody, trois amies d’affliction, Jeanne la rebelle va détruire le pavillon des cancéreux et élever une joyeuse citadelle.
Copyright Grasset, 2019
Notre avis : L’auteur change ici de registre. Journaliste de formation, Sorj Chalandon nous avait en effet habitués à des romans engagés, ancrés dans des milieux géographiques et sociaux spécifiques – Le quatrième mur évoquait la guerre civile libanaise, tandis que Mon traître et Retour à Killybegs s’attardaient sur les tensions en Irlande du Nord.
Dans Une joie féroce, c’est à la maladie que l’écrivain s’attaque. Il s’agit d’un livre touchant, un hymne au bonheur et à la vie. Si les premières pages sont difficiles à lire parce que dures, le lecteur s’attache tout de suite à la narratrice – c’est la première fois d’ailleurs que Sorj Chalandon choisit une femme pour raconter. Jeanne pourrait très bien être notre voisine, notre tante ou notre mère, son personnage est à la fois marqué et passe-partout, chacun peut facilement s’identifier à elle. Et si son camélia – semblable au nénuphar de Boris Vian qui s’est installé dans la poitrine de Chloé – la transforme en victime de prime abord, sa rencontre avec d’autres malades va la métamorphoser, la rendre plus vivante qu’elle ne l’a jamais été. À quoi bon la vie si le risque et l’adrénaline n’en font pas partie ? Pourquoi se contenter d’une existence tranquille sans savourer le temps qui nous est donné sur terre ? Voilà ce que Jeanne réalise au contact d’Assia, de Brigitte et de Mélody. Toutes sont en mal d’amour, en mal d’enfants, les hommes de ce roman étant presque tous des goujats, et c’est cela, plus que leur cancer, qui les réunit, les rapproche, les lie à jamais.
Certains reprocheront à la seconde partie de ce roman d’être probablement trop loufoque ou caricaturale, mais c’est au contraire ce qui retient l’attention, ce fossé entre le mal-être exprimé dans les premiers chapitres et la joie féroce qui revient au galop, emportant la mélancolie, la douleur et les doutes. Féministe, ce livre peut faire peur mais, une fois qu’on l’a refermé, on se dit qu’il est nécessaire et plus empli de joie, de férocité et de vie que menacé par l’ombre de la mort.
Sorj Chalandon - Une joie féroce
Grasset, 320 pages
Galerie photos
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Sébastien Thomas-Calleja 19 septembre 2019
Une joie féroce - la critique du livre
À mon avis, ce n’est pas son meilleur, mais ça reste quand même du Chalandon, du très bon ;-)
Cécile Peronnet 22 septembre 2019
Une joie féroce - la critique du livre
Je suis d’accord, il ne vaut pas ses deux romans sur l’Irlande du Nord ou encore Le quatrième mur mais cette nouvelle facette de l’auteur m’a semblé intéressante.
kristana 13 février 2021
Une joie féroce - la critique du livre
Un livre qui entraine son lecteur ou sa lectrice sur les chemins de l’évasion, de l’aventure et de la libre expression de ses joies, de ses peines, de sa colère, de sa fatigue, un livre qui nous entraine sur la découverte de l’amitié qui peut non pas soulever des montagnes mais nous accompagner dans leur ascension. Ici on est dans l’enfer de la maladie mais on sourit, on crie, on s’amuse, on se dispute, on pleure et on fait bloc ensemble pour se battre et pour continuer à vivre.
Un livre que j’ai lu avec beaucoup de plaisir car j’ai vécu cette tranche de vie avec ma meilleure amie .... Comme c’est dommage qu’elle soit partie avant que je n’ai pu lui en proposer la lecture, ça lui aurait plu !