Balthazar au pays blême - la chronique BD

Le périple du jeune Balthazar démarre par une nuit sombre, dans le dortoir de son orphelinat. Les sbires du sorcier Raspoutine le cherchent, et il va partir pour un long voyage, initiatique, jusqu’aux confins de la Sibérie. Sa quête ressemble à toutes celles des contes, l’identité, le courage, la destruction du Mal, mais le magnifique album de Balthazar au Pays blême se fait un malin plaisir de réunir en un seul tous les contes russes, toutes les croyances slaves, de Baba Yaga aux ours parlants, sirènes et trolls se croisant dans une jolie histoire. Cet enchaînement des péripéties se fait sans heurts, avec une magie qui va crescendo, de la disparition à la métamorphose. Il y a un côté rassurant dans ces pages, qui amènent parfois le suspense et les surprises à des grimaces de peur, mais qui se terminent toujours avec un sourire et un soupir de soulagement. Le héros a une bonne bouille et ses amis, notamment l’ours doué de parole, bougon à souhait, ont des qualités et des défauts somme toute très humains. Nul besoin d’être un enfant pour apprécier ce périple dans la neige et la nuit russes, dans une aventure cosaque que Tolstoï ne renierait pas. Car les soubresauts sont nombreux, les dangers à foison, et les rencontres rythment une histoire qui ne ressemble pas à un long fleuve tranquille.

© Casterman

Le dessin y va de son atout charme : couleurs vives et chatoyantes malgré le froid, visages enjoués et mines expressives malgré les écueils, créatures et mignons maléfiques ou acolytes et guides inédits, l’album s’emplit d’une richesse bienvenue. L’univers est foisonnant, avec des références et des récurrences de personnages tantôt inquiétants, tantôt généreux, Raspoutine allant jusqu’à devenir un poil sympathique. Par exemple, les corbeaux, souris et même les gardes noirs ressemblent à ces méchants de Disney, tout juste patibulaires et légèrement ridicules, donnant une atmosphère sombre, toujours éclairée par une lueur qui ne cesse de virevolter, diminuer ou grandir.

© Casterman

Conte en forme d’hommage à la culture slave, Balthazar au pays blême est une jolie et joyeuse quête, dissimulée sous un épais manteau de fourrure d’ours polaire. Ses aventures ne manqueront pas de plaire à tous, et d’offrir un éventail des croyances populaires oubliées ou méconnues des pays de l’Est.