Drame passionnel
Le 10 mai 2011
La mise en scène très maîtrisée de Cottafavi tient à distance le mélodrame dans ce film qui émeut pourtant autant qu’il éblouit par son exceptionnelle beauté visuelle.
- Réalisateur : Vittorio Cottafavi
- Acteurs : Lianella Carell, Frank Latimore, Umberto Spadaro, Lidia Cirillo
- Genre : Mélodrame
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h33mn
- Titre original : Una donna ha ucciso
– Sortie en Italie : 4 janvier 1952
La mise en scène très maîtrisée de Cottafavi tient à distance le mélodrame dans ce film qui émeut pourtant autant qu’il éblouit par son exceptionnelle beauté visuelle.
L’argument :Le Capitaine Roy Prescott, représentant de l’administration militaire des Alliès, fait la connaissance d’Anna, une jeune et belle napolitaine. Roy est un don juan invétéré et sa relation avec Anna n’est qu’une amourette parmi tant d’autres. Anna est, de son côté, très amoureuse de lui. Après son transfert à Rome, Roy essaye de mettre un terme à leur liaison mais Anna ne s’y résigne pas et finit par le rejoindre...
Notre avis : Vittorio Cottafavi est surtout connu pour ses superbes péplums (Le legioni di Cleopatra, Ercole alla conquista di Atlantide) et consacra, dès 1957, l’essentiel de son énergie à réaliser pour la télévision un nombre impressionnant d’adaptations de classiques de la littérature mondiale, de Dostoïevski à Conrad en passant par Euripide et Pirandello.
Cet esthète cultivé ne dédaigna pourtant pas le mélodrame comme en témoignent les très beaux I nostri sogni (1943) et Traviata 53.
Una donna ha ucciso, tourné en 1951, appartient également à ce genre souvent décrié et bien des éléments du film font immanquablement penser à l’univers du roman-photo .
Le générique fait retentir les accords implacables de la musique de Renzo Rossellini sur l’image d’un train qui avance dans une campagne déserte et le récit en flashback fait par une voyageuse à la jeune femme désespérée que la caméra a suivi dans le couloir du wagon aura beau comporter des moments d’humour et de légèreté, son issue tragique ne fera jamais le moindre doute.
L’intrigue n’est pas sans rappeler celle de Madame Butterfly et l’héroïne assiste d’ailleurs à une représentation de l’opéra de Puccini qu’elle ne peut supporter de voir jusqu’au bout tant elle y reconnaît sa propre histoire. Pourtant Cottafavi ne cède guère aux grandes effusions lyriques et refuse de souligner le drame, le tenant comme à distance. Sa mise en scène, brillante et extrêmement contrôlée, pourrait même être taxée de froide si une étrange douceur n’imprégnait le film d’un bout à l’autre.
La superbe photo de Bitto Albertini, et l’extrême précision des cadrages, qui semblent storyboardés, donnent à Una donna ha ucciso un côté esthétisant qui est très éloigné du néo-réalisme mais on sera frappé par le souci de situer avec précision l’histoire de la jeune napolitaine et de l’officier américain dans l’Italie de l’immédiat après-guerre et de ne pas ignorer les implications politiques du sujet même si cet aspect n’est pas mis en avant. Ce souci d’inscription dans le présent est absent des mélos contemporains d’un Matarazzo, beaucoup plus abstraits.
Le film étant totalement centré sur la protagoniste, l’interprète du rôle d’Anna est évidemment fortement sollicitée. Lianella Carell, qui débuta au cinéma dans le rôle de l’épouse du Voleur de Bicyclette n’est pas une grande actrice mais Cottafavi sait lui faire trouver le ton juste et elle réussit à être fort émouvante.
La partie finale atteint une vraie grandeur : l’héroïne regardant alternativement son portrait qu’elle tient à la main et son reflet dans la glace, traversant au petit matin le mess des officiers au milieu des vestiges d’une fête qui lui révèlent les mensonges de son amant ou déambulant hagarde dans les rues de Rome au milieu des passants affairés.
Mais malgré la splendeur visuelle et l’éloquence de sa mise en scène le film ignore délibérément le second degré et touche avant tout par sa manière franche et droite de braver les écueils du drame.
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Saimo 7 octobre 2012
Une femme a tué - La critique
L’édition DVD édité par RHV en Italie propose sous-titres anglais.