Sans voix
Le 3 octobre 2010
Un homme qui crie est assurément un grand Prix du jury Cannois mérité.
- Réalisateur : Mahamat-Saleh Haroun
- Acteurs : Youssouf Djaoro, Emile Abossolo M’Bo, Diouc Koma, Hadjé Fatimé N’goua
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Belge, Tchadien
- Date de sortie : 29 septembre 2010
- Festival : Festival de Cannes 2010
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– Durée : 1h32min
Un homme qui crie est assurément un grand Prix du jury Cannois mérité.
L’argument : Le Tchad de nos jours. Adam, la soixantaine, ancien champion de natation est maitre nageur de la piscine d’un hôtel de luxe à N’Djamena. Lors du rachat de l’hôtel par des repreneurs chinois, il doit laisser la place à son fils Abdel. Il vit très mal cette situation qu’il considère comme une déchéance sociale.
Le pays est en proie à la guerre civile et les rebelles armés menacent le pouvoir. Le gouvernement, en réaction, fait appel à la population pour un "effort de guerre" exigeant d’eux argent ou enfant en âge de combattre les assaillants. Adam est ainsi harcelé par son Chef de Quartier pour sa contribution. Mais Adam n’a pas d’argent, il n’a que son fils...
Notre avis : Un homme qui crie n’est pas un film sur la guerre mais celle-ci occupe les pensées de tous les personnages. Le héros de cette histoire, père de famille et maître nageur de son métier aurait très bien pu vivre sans vraiment prendre conscience des troubles de son pays - le Tchad - si le collecteur de « l’effort de guerre » ne venait lui rappeler régulièrement la nécessité et l’obligation de sa participation qui tarde à arriver. Ne pouvant assurer une coopération financière, il livre au gouvernement, non sans regret, son fils en âge de combattre.
- © Pyramide Distribution
La guerre devient alors interne pour cet homme déchiré par la décision qu’il a prise et qui remet en cause son existence et celle de ses proches. La piscine, qui a toujours représenté son mode d’évasion, n’est même plus une échappatoire. Parce que son acte est trop grave, qu’il a mis en jeu la vie de son propre enfant, il ne peut trouver la paix. Il pourrait alors bien être question d’une recherche de rédemption dans ce très beau film puisque le héros a conscience de son acte et de l’impossibilité de se racheter aux yeux de sa femme et de la petite amie enceinte de son fils. Que peut-il faire alors ? Survivre, se battre, entrer en guerre : contre lui-même. En se dépassant, en tâchant de rattraper le mal qu’il a fait, cet homme prend conscience de sa vie, de la vie en général, face au ventre arrondi de la compagne de son fils.
- © Pyramide Distribution
Mahamat-Saleh Haroun filme le désespoir comme s’il s’agissait de la quintessence de l’émotion humaine mais sans jamais tomber dans le plaidoyer larmoyant : le héros de son film est autant responsable que victime de la souffrance qui l’anime. Dans un monde où la justice et l’équité n’existent pas, le cinéaste offre un regard compatissant sur ceux qu’il capture. Ainsi ne montre-t-il pas son personnage principal en proie à ses questionnements mais privilégie-t-il les instants où il se montre vulnérable et se révèle finalement être lui-même. On retiendra les très belles scènes au bord de la piscine où, consciencieusement, l’homme ramasse une à une les serviettes laissées par les clients et où il nettoie l’eau. Dans ces moments, la caméra suit à distance les mouvements de ce personnage solitaire prenant racine dans son environnement. Le cri ne peut pas sortir tant que l’homme reste enfermé dans son existence. Peut-être trouvera-t-il la voix dans son salut ; tel est son parcours, proche d’un chemin de croix. Ainsi, Un homme qui crie est une œuvre humaniste et spirituelle, dont la grâce marque et s’inscrit dans l’esprit de manière durable.
- © Pyramide Distribution
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