Cahier d’un retour au pays natal
Le 5 novembre 2003
Un magnifique film à tiroirs, estompant la ligne entre réalité et fiction.
- Réalisateur : Mahamat-Saleh Haroun
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Tchadien
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– Durée : 1h26mn
En s’interrogeant sur la mise en scène de sa propre réalité, Mahamat-Saleh Haroun donne à voir un magnifique film à tiroirs, estompant la ligne entre réalité et fiction.
L’argument : Mahamat-Saleh Haroun, cinéaste tchadien émigré en Europe, retourne au pays pour le décès de sa mère. Sur place, il trouve un pays dévasté par la guerre, en pleine crise économique et culturelle. L’industrie cinématographique n’est pas épargnée : les salles de cinéma ont fermé, remplacées par des vidéo-clubs. Ce pèlerinage devient le prétexte aux repérages pour son prochain film, Bye-Bye Africa. Sur son chemin, il croise une ex-maîtresse, un ami autrefois projectionniste, une famille sceptique, des spectateurs passionnés, des acteurs enthousiastes...
Notre avis : Haroun offre son film comme une déclaration d’amour à son pays, mais aussi au cinéma ; une déclaration teintée de malentendus et de naïveté. Fiction documentaire, selon les propres mots du réalisateur, Bye-Bye Africa est une réflexion mélancolique sur le cinéma tchadien et le cinéma dans son ensemble.
De manière très poétique, il tente de répondre à la question de l’utilité du cinéma dans son rapport à la vie. Si le procédé du double regard (celui du film via une caméra invisible et celui de sa propre caméra avec une image vidéo en noir et blanc) n’est pas révolutionnaire, il confère au récit une construction originale. La partie documentaire sur la ville et l’état du cinéma tchadien se confond avec la mise en scène du désir de Haroum pour Isabelle, une actrice. La mince frontière entre les deux univers s’efface peu à peu au profit d’un nouvel espace temps cinématographique où se mêlent interrogations sur le cinéma et sur la nature humaine.
La démarche parfois scolaire et didactique, notamment dans ses références à Godard ou à Daney, ne nuit en rien à la charge symbolique du film. En léguant sa caméra à son neveu, Haroun perpétue une forme de tradition : autrefois orale, la parole comme vecteur de transmission intergénérationnelle sera peut-être demain visuelle. Un message résolument optimiste.
Coup d’œil : Premier long métrage du réalisateur, Bye-Bye Africa a reçu pas moins de huit prix dans différents festivals internationaux, dont celui de meilleur premier film au Festival du cinéma africain de Milan et la mention spéciale du jury de la Mostra de Venise pour la meilleure première œuvre.
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