Le 22 juillet 2020
Désireux de nous démontrer que nul ne fuit son pays le sourire aux lèvres, Mahmat-Saleh Haroun se lance dans un récit trop didactique pour être réellement poignant.
- Réalisateur : Mahamat-Saleh Haroun
- Acteurs : Sandrine Bonnaire, Eriq Ebouaney, Léonie Simaga, Bibi Tanga
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h37mn
- Date télé : 22 juillet 2020 20:55
- Chaîne : Arte
- Box-office : 31 675 entrées France / 6 373 Paris Périphérie
- Date de sortie : 31 janvier 2018
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Résumé : Abbas, professeur de français, a fui la guerre en Centrafrique pour bâtir une nouvelle vie en France. En attendant d’obtenir le statut de réfugié, le quotidien d’Abbas s’organise : ses enfants sont scolarisés et il travaille sur un marché où il a rencontré Carole, sensible au courage de cet homme encore hanté par les fantômes du passé. Mais si le droit d’asile lui était refusé, qu’adviendrait-il d’Abbas et de sa famille déracinée ? Et de Carole, privée du foyer qu’elle a cru reconstruire ?
Critique : Si le problème de l’immigration ressemble de plus en plus à un vrai casse-tête pour les États européens, force est de constater qu’il représente un sujet de prédilection pour les cinéastes, chacun le scrutant sous un angle différent au gré de sa sensibilité et de son expérience.
Après plusieurs courts-métrages et documentaires tournés au Tchad, son pays natal, c’est sur le sol français (où il vit depuis 1982) que Mahamat Saleh Haroun pose pour la première fois sa caméra afin de décortiquer le parcours ardu des demandeurs d’asile et suggérer discrètement qu’au regard des soubresauts du monde, nous sommes tous des réfugiés potentiels.
- Copyright Franck Verdier - Pili Films
Ici pas d’image d’une population abandonnée au milieu du désert ou d’un rafiot ballotté sur une mer hostile mettant en péril ses occupants. On est bien loin de l’image du migrant dépenaillé errant au milieu d’une foule indifférente. Abbas et sa famille occupent un appartement plutôt douillet, prêté par quelque âme compatissante. Il est aidé dans ses démarches par Carole, (Sandrine Bonnaire) une Française d’origine polonaise dont les parents ont connu la douleur de l’exil. Il est accompagné de son frère Etienne. Même si celui-ci devenu vigile alors qu’il était professeur de philosophie dans son pays vit mal cette déchéance qui lui est imposée, la vie s’écoule paisiblement. Toute note de misérabilisme est soigneusement gommée. Les enfants, convenablement habillés, vont à l’école comme tous les autres de leur quartier, leur père part à l’aube pour travailler. Tout le monde s’exprime dans un français impeccable (Abbas était professeur de français dans son pays). Pourtant derrière cette fausse impression de sérénité se cache le fantôme de la mère tuée durant le voyage pour arriver jusqu’ici et l’espoir des enfants qui rêvent d’une vie « normale » avec un lieu de résidence fixe. Tous veulent savoir de quoi demain sera fait pour enfin pouvoir se construire sur le long terme. Car ce qui intéresse le réalisateur ici, ce n’est pas la guerre elle-même, mais ses conséquences sur ceux qui la fuit, y compris et surtout au sein du pays qui les accueille, quand ils sont confrontés à une autre violence : celle d’une administration lente aux règles opaques qui risque à tout moment de les expulser après les avoir laissé s’intégrer jour après jour. Durant cette saison d’hiver alors qu’ils sont ballottés d’appartements en appartements et soumis au bon vouloir des autorités, leur situation se dégrade.
- Copyright Franck Verdier - Pili Films
Si Eriq Ebouaney apporte au personnage d’Abbas une présence physique incontestable et si le couple des enfants (la fillette expansive et vive opposée au garçon à la fois mélancolique et lucide) apporte une belle dose d’humanité, la liste méthodique et systématique des obstacles administratifs énumérés sur ton implacable laisse peu de place à une empathie qu’un sujet aussi brûlant aurait du faire naître. Seules les scènes finales, portées par une Sandrine Bonnaire à l’authenticité jamais démentie, délivrent leur part d’émotion et révèlent sans fard toute l’injustice du sort réservé à ceux qui cherchent tout simplement à se mettre à l’abri.
– Festival International de Toronto 2017
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