Un fille formidable - La critique + Le test DVD

Destiné à mettre en valeur la chanteuse Nilla Pizzi, le premier film de Bolognini est un hommage haut en couleurs à l’univers du varietà. Sofia Loren y trouve un de ses premiers rôles importants.

L’argument : Gardenio, artiste de music-hall, écume les cabarets de troisième zone à la poursuite de la carrière qu’il n’a jamais connue. Lors d’une émission de radio, il est hué par les spectateurs qui réclament que la caissière du bar, Caterina, vienne chanter. Elle obtient un triomphe et se voit très vite proposer un contrat en or. Mais même si elle exige que Gardenio soit également embauché, leurs chemins vont rapidement se séparer...



Notre avis : Après plusieurs années de carrière sans éclat particulier, Nilla Pizzi (1919-2011) avait remporté deux ans de suite le premier prix du Festival de San Remo, en 1951 avec Grazie dei fiori et en 1952 avec Vola colomba, et enchaînait les tubes tels que Papaveri e papere. Ce succès ne pouvait manquer d’attirer l’attention des producteurs de cinéma à une époque où les films musicaux constituaient un genre à part entière et promettaient des gains appréciables.
C’est donc avant tout pour permettre à la chanteuse d’entonner une dizaine d’airs à succès (de Nannì à O’ciucciariello) que les cinq ou six scénaristes de Ci troviamo in galleria ont concocté une énième variation sur le thème de Pygmalion située dans le monde du music-hall.
L’actrice (à qui Lydia Simoneschi prête sa voix dans les scènes parlées selon une pratique courante dans le cinéma italien de l’époque) est assez gauche dans le rôle de Caterina, bonne fille de province propulsée au firmament de la célébrité grâce à sa voix d’or. Mais elle parvient néanmoins à s’imposer face à une incroyable galerie de cabots dont les composittions savoureuses constituent l’attrait principal de ce film sans prétention. Aux cotés de Carlo Dapporto, caractère comique propulsé ici au rang de co-vedette et qui manque un peu de charisme, on relèvera les silhouettes finement dessinées par Fiorenzo Fiorentini (Parigi o cara), Maria Gloria Crociani ou Giusi Raspani Dandolo, sans oublier une apparition désopilante de la guest star Alberto Sordi.
Mais c’est probablement à Sofia Loren que le film doit sa sortie tardive en France, en 1957. Teinte en rousse (a’roscia !), en guêpière style peau de léopard (a’compagna di Tarzan), elle trouvait dans le personnage de la soubrette Marisa Chanel qui rêve de descendre l’escalier sur scène (scendere le scale !) un des premiers rôles à la mesure de son talent et de sa forte personnalité.
Si le ton est généralement enjoué, une légère amertume colore ci et là Ci troviamo in galleria dont le titre renvoie au lieu où se retrouvent les acteurs et chanteurs sans emplois dans l’espoir de trouver un engagement. L’’évocation du monde du varietà (le music-hall) sur son déclin est vive, colorée, teintée de nostalgie et d’une touche de cruauté (lazzi et jets de tomates de la part du public, coups bas entre les membres de la troupe) dans la veine de Luci del varietà de Fellini et Lattuada ou de Vita di cani de Monicelli.
La mise en scène de Bolognini, dont c’est la toute première réalisation, est élégante et sûre et cet ensemble joliment bariolé (Ferraniacolor oblige) , procure un plaisir qu’on s’en voudrait de bouder.

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Le DVD

Une fort belle édition DVD de Ci troviamo in galleria - Une fille formidable est disponible à la vente à partir du 17 août 2011 dans le cadre de la 6ème vague de la collection Les maîtres italiens de M6 Video.

Les suppléments

Outre les bandes-annonces des autres titres de la série, des notes de production fournissent quelques informations utiles sur le film de Bolognini et ceux qui y ont participé et un documentaire quelque peu people, de facture télévisuelle, produit par la RAI, dresse un portrait, assez convenu il faut le dire, de la grande Sofia (Loren). Le commentaire est lénifiant et les témoignages pas toujours d’un grand intérêt mais la personnalité de l’actrice, les innombrables documents audio-visuels et extraits de films font que les 52 minutes de A la recherche de Sofia méritent néanmoins un coup d’oeil.

Image

Les couleurs du Ferraniacolor, à dominante légèrement verdâtre, sont vives et pimpantes à souhait. L’image, remasterisée, jouit d’une définition fort correcte et l’excellente compression assure un bon confort de vision, permettant d’apprécier dans les meilleurs conditions le travail du chef opérateur Marco Scarpelli (et de l’operatore alla macchina qui n’est autre que le grand Giuseppe Rotunno).

Son

Son mono évidemment, parfaitement net et intelligible, sans souffle notable. La voix chantée de Nilla Pizzi et la musique enlevée de Carlo Rustichelli peuvent exercer leur charme sans entraves.