Lascia perdere, Johnny ! - La critique

Une évocation nostalgique de l’Italie provinciale des années 70 et du petit monde de la variété, servie par une troupe de comédiens formidables. Cette première réalisation de l’acteur Fabrizio Bentivoglio dispense de beaux moments d’humour et d’émotion.

L’argument : Caserte 1976. Faustino Ciaramella a 18 ans et s’il ne trouve pas de travail il devra partir au service militaire à la fin de l’année. Pour le moment il joue de la guitare dans l’orchestre de Domenico Falasco, trompetiste et concierge d’une école. L’expérience avec l“orchestra Falasco” s’achève un soir de printemps à Roccamonfina. Ma par chance l’impresario, Raffaele Niro, a trouvé pour Faustino un travail pour l’été : il pourra accompagner le maestro Augusto Riverberi, musicien et ex-amant d’Ornella Vanoni. Mais d’abord, il faut trouver un chanteur...

Notre avis : Lascia perdere, Johnny ! - Laisse tomber, Johnny ! est la première réalisation de l’acteur Fabrizio Bentivoglio. Né en 1957, il a bien connu ces années 70 qu’il a choisi de faire revivre ici en adaptant le livre autobiographique du musicien Fausto Mesolella, qui signe d’ailleurs la bande sonore du film.
Autour des aventures et mésaventures du jeune musicien aux cheveux longs et aux inénarrables snow-boots blancs s’anime un univers provincial et coloré de l’Italie du Sud (la région de Naples) qui appartient à un passé bien révolu. Et une discrète nostalgie imprègne le film du début à la fin. Mais le ton général est à la comédie légèrement décalée, en demie-teinte.

Le petit monde du spectacle de troisième zone est décrit avec une causticité non dénuée de tendresse. Entre banquets de mariages et passage inespéré sur une chaîne de télé locale (comme faire-valoir d’un danseur qu’un producteur essaie de lancer) la petite équipe de fortune réunie pour la tournée dans le Sud du grand Augusto Riverberi navigue entre espoirs et déconvenues.

Fabrizio Bentivoglio laisse la part belle aux acteurs. Autour du débutant Antimo Merolillo, parfait de retenue et de fausse impassibilité, une troupe de comédiens chevronnés parvient à créer des personnages drôles et attachants. Ernesto Mahieux, vu dans L’imbalsamatore - L’étrange Monsieur Peppino est l’incroyable impresario louche en veste à carreaux, Toni Servillo fait un grand numéro de clown en concierge-trompettiste alcoolique et son frère Peppe est parfait en crooner myope (surnommé Gerry Como !). Sans oublier Lina Sastri, lumineuse en mère du protagoniste, et une rayonnante Valeria Golino, manucure reconvertie provisoirement en présentatrice de concert. Bentivoglio lui-même s’est réservé le rôle en or du Maestro Augusto Riverberi, celébrité sur le retour qui atterrit tel le Messie dans ce petit monde où il ne manquera pas de décevoir les attentes placées en lui.

A la fin, les rêves du guitariste vont se perdre dans les brumes hivernales du Nord, à Rhô dans la banlieue de Milan, et l’apparition inespérée du Maestro, surgi du brouillard le soir de Noël, n’est probablement qu’un mirage. Cette fin mélancolique ne jure pas avec la tonalité plus légère de ce qui précède et ce film modeste sait toucher juste sans forcer le trait et dispenser de beaux moments de sourire et d’émotion.

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