1, 2, 3, soleil
Le 31 janvier 2006
Nathalie Ours fouille les blessures de l’enfance dans un texte très pur, fidèle à son écriture à la fois douce et tranchante.


- Auteur : Nathalie Ours
- Editeur : Joëlle Losfeld
- Genre : Roman & fiction

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Camille est une petite fille sage. Trop sage sans doute, puisqu’elle a verrouillé sa vie d’enfant d’un rempart de chiffres. Camille compte. Les coups de brosse qu’elle donne à ses cheveux blonds, les carreaux noirs du couloir, les battements du cœur de Nesquik, la chienne qui veille sur elle depuis "l’événement" qui a fait de la vie de Camille cette lutte acharnée contre l’angoisse. Car les TOC (troubles obsessionnels compulsifs) qui envahissent peu à peu la vie de Camille n’ont d’autre fonction que déjouer l’angoisse, remplir le vide pour ne surtout jamais laisser de place à la pensée qui vagabonde.
Nathalie Ours change ici de registre, dans un texte court, très pur. Une écriture précise, à la fois douce et tranchante, raconte, par la voix même de Camille, la montée en puissance d’un drame innommable, une blessure que la parole de la fillette rend à la fois simple et douloureuse. On y retrouve évidemment l’univers familier de l’auteur, cette apparente tranquillité des choses qui masque les fissures par lesquelles s’infiltre l’angoisse ; le danger qui sourd, invisible mais toujours palpable. TOC fouille le symptôme pour le déconstruire, retrouver la trace originelle autour de laquelle s’installe le processus obsessionnel.
Les inconditionnels de Nathalie Ours regretteront peut-être le tumulte de l’écriture de La ceinture, ou de Pot-pourri, et pourtant, TOC s’inscrit rigoureusement dans l’œuvre, déclinant encore une fois cette souffrance intime, notre impuissance face à la violence du monde.
Nathalie Ours, TOC, éd. Joëlle Losfeld, 2006, 90 pages, 9,50 €