On savait l’auteure attachée à cette question de la tyrannie du désir. Il n’est pas ici question d’autre chose, même si la façon de le traiter, infiniment périlleuse, se démarque de ses autres textes. Un adolescent en mal d’avenir, essaie de se construire des rêves quand survient l’impensable, "comme une grosse bombe qui avait laissé un trou dans ce que j’étais". Incapable de refuser un contact physique qu’il rejette de toute sa pensée, il assiste, impuissant, à l’installation de cette relation qui le coupe en deux, le dissocie dans son rapport à son corps et aux autres. La force de Pot-pourri vient justement de cette narration à la première personne. Cette progression dans la mise en place de l’inceste, le dégoût de soi, la culpabilité et en même temps cette incapacité à renoncer à son plaisir, la haine de la mère et le désir impossible de se jeter dans ses bras pour être consolé de cette ignominie.

L’écriture est violente, n’épargne aucun détail, suit au plus près l’angoisse, la honte, la perte des repères, et ce sentiment, plus fort que tout, d’être sali, différent des autres, indigne.

Sans sombrer dans le pathos, en laissant entrouverte une fenêtre sur l’avenir et l’espoir d’une reconstruction, Nathalie Ours signe là un roman brillant, percutant, rigoureusement loin de tout voyeurisme et poncifs du genre et parvient à dire cette souffrance avec une pudique et juste crudité.