Elle
Le 21 octobre 2024
La plus exquise des actrices dans la plus sophistiquée des comédies musicales. Un must.
- Réalisateur : Stanley Donen
- Acteurs : Audrey Hepburn, Fred Astaire, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng, Jean Del Val
- Genre : Comédie musicale
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Ciné Sorbonne (reprise)
- Durée : 1h43mn
- Titre original : Funny Face
- Date de sortie : 17 mai 1957
- Festival : Festival de Cannes 1957, Festival de La Rochelle 2022
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Résumé : Une petite libraire de Greenwich Village, intelligente et mal fagotée, est choisie comme porte-drapeau par un grand magazine de mode. Elle part à Paris, en compagnie de la rédactrice en chef et du photographe tombé sous son charme. La chenille ne tarde pas à se transformer en éblouissant papillon. Mais les sirènes de la mode ont peu d’attraits pour la jeune femme qui leur préfère les discussions philosophiques des caves de Saint-Germain-des-Prés...
Critique : C’est la classique histoire de Cendrillon ou du vilain petit canard. Ne pas chercher plus loin dans le scénario. Comme pour toute comédie musicale qui se respecte, il n’est qu’un vague prétexte à danses et chansons. Mais quand autant de talents sont réunis pour vous en mettre plein les mirettes, avec autant de joie (visible) à tourner, le bonheur est total.
Aux manettes de cette gentille satire du monde de la mode, l’enchanteur Stanley Donen capte l’essence même de la sophistication. Servis par un Technicolor assagi de ses outrances d’origine et par le tout nouveau procédé de Vistavision, ses plans pétillent d’inventivité. Quant à sa technique, elle coupe le souffle, qu’il s’agisse par exemple du split screen de la chanson Bonjour Paris ou des arrêts sur image de la splendide séquence du travail du photographe avec son mannequin. Tant de savoir-faire laisse pantois, mais cette virtuosité ne serait rien sans le rythme avec sa judicieuse alternance entre frénésie et romantisme, la musique immortelle de Gershwin et l’irrésistible trio de comédiens menant le bal. Et sans Paris. Au contraire d’Un Américain à Paris (Minnelli, 1951), autre pépite du genre mais celle-ci tournée en studio, les extérieurs de Funny Face ont pour toile de fond la capitale telle qu’elle était à l’époque, avec ses monuments noirs de suie, pas encore ravalés grâce à Malraux. Curieusement, ce Paris, par ailleurs largement fantasmé à la sauce hollywoodienne, ferait presque croire à un décor de carton-pâte. Il s’en dégage une grande nostalgie pour un temps définitivement effacé. Celui où l’on pouvait encore raconter des histoires à l’eau de rose avec happy end obligatoire. Des contes revigorants, sans excès de mièvrerie, pimentés d’une jolie dose d’ironie, destinés simplement à divertir, à faire plaisir au spectateur...
Fred Astaire, dont ce sera l’avant-dernière grande comédie musicale - il tournera la même année La belle de Moscou (Rouben Mamoulian), puis sa carrière s’étiolera -, donne vie et mouvement au personnage inspiré du grand photographe de mode Richard Avedon (d’ailleurs conseiller technique du film). On pourrait craindre, sur le papier, que sa différence d’âge avec Audrey Hepburn (il a cinquante-sept ans, elle vingt-sept) ne fasse capoter l’affaire. Il n’en est rien. Classe, élégance et panache le rendent parfaitement crédible. Sans parler de son art de la danse, alors au sommet. Donen, qui l’avait fait virevolter au plafond dans Royal Wedding, lui offre ici de remarquables numéros, en particulier celui où il utilise son imperméable doublé de rouge comme une cape de matador. Sa prestation est de bout en bout de premier ordre, tout comme celle de Kay Thompson - dont ce sont les débuts à l’écran - qui incarne une rédactrice en chef d’une drôlerie implacable.
Et puis il y a Audrey Hepburn, plus délicieuse que jamais. Gracile et gracieuse, chantant elle-même (plus tard, dans My fair Lady, elle sera doublée, quel gâchis !), dansant à la perfection, jolie comme un cœur, déguisée en existentialiste, resplendissante dans les tenues créées pour elle par Hubert de Givenchy, elle est l’âme de ce film qu’on n’imagine pas sans elle. Victoire de Samothrace en fourreau rouge descendant le grand escalier du Louvre, elle représente la personnification du mot "glamour" ; en pull et pantalon noir, avec sa petite queue de cheval de Vacances romaines, la voici gamine et délicieuse ; et même dans sa robe-sac de libraire bas-bleu, son charme mutin ferait fondre un lingot d’acier. Rien que pour elle, Funny Face mériterait d’être porté au pinacle. Ce que nous ferons sans état d’âme, puisque Stanley Donen, en grand magicien du septième art qu’il est, a su créer le plus exquis des écrins pour mettre en valeur la plus exquise des comédiennes.
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