There will be a light

A l’instar d’un Bob Marley ou d’un Jimi Hendrix, la ferveur dont il fait preuve face à ses fans a fait de Ben Harper un musicien très charismatique. Sa double démarche de recherche musicale et spirituelle a récemment convergé vers le gospel et, depuis quelques trois ans déjà, il flirte avec les Blind Boys Of Alabama. L’antique trio de chanteurs aveugles (fondé en 1939) accueille cette collaboration avec le bluesman et ses Innocent Criminals dans un respect réciproquement partagé. Comme il fallait s’y attendre, le résultat est assez éloigné de ce à quoi Harper nous avait habitués jusqu’à présent.

Ce sont donc les chœurs qui sont à l’honneur dans ce bréviaire d’oraisons mélodieuses (pour preuve, Mother pray est interprété a capella) : les instruments se font plus discrets et laissent les voix déployer leurs accents de dévotion enjouée (Satisfied mind) ou plaintive (Where could I go). Le temps de l’intro de Pictures of Jesus (titre déjà présent sur Diamonds on the inside), on se croirait même à l’église. L’empreinte caractéristique de Ben Harper se fait tout de même jour à certains moments : on retrouve avec bonheur les sons de sa guitare folk (Church on time), de sa slide guitar (sur le Well well well de Bob Dylan) et de sa wah-wah (Take my hand) ; il y a toujours également son subtil et inimitable mélange de timbres acoustiques traditionnels et d’effets électriques novateurs, le tout abondamment assaisonné d’intonations blues. Le résultat de cette fusion est donc une délicate combinaison de sonorités ancestrales et modernes.

En réinventant le gospel à sa manière, Ben Harper manifeste son audace et renouvelle avec habileté le spectre de ses tendances musicales, pour le plus grand plaisir de nos oreilles. There will be a light ne se contente pas d’être une surprise, c’est tout bonnement, pour un artiste comme Ben Harper, un miracle.