Vertes et mûres
Le 17 juillet 2005
Après dix ans, les trois riot grrrls sont toujours vertes. Et mûres.
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Avec un titre à la fraîcheur bucolique et avec Dave Fridmann derrière la console, on aurait pu s’attendre à ce que le trio de tigresses d’Olympia calme enfin son punk-rock virulent. Il n’en est rien. Après dix ans de bons et loyaux services rendus au rock américain, Sleater-Kinney est toujours vert.
Débutée dans le chaos et l’approximation, la carrière du trio est tout de même assez atypique. En 1994, alors que Corin Tucker et Carrie Brownstein ont chacune leur propre groupe, tous deux associés au mouvement féministe riot grrrl, elles décident de lancer Sleater-Kinney comme un projet secondaire. Mais rapidement, elles se prennent au jeu, fascinées qu’elles sont l’une par l’autre. Toutes deux chanteuses, guitaristes et compositrices, elles décident de se passer de bassiste, ce qui aura pour effet de singulariser nettement le son de groupe au sein de la scène punk-rock. Du coup, le choix de la batteuse se révèle crucial. C’est finalement en 1997, sur l’album Dig me out, qu’apparaît pour la première fois Janet Weiss, dont le jeu lourd et inventif achèvera de donner au son de Sleater-Kinney sa tournure définitive.
The woods est donc le septième album d’un groupe en pleine confiance, n’ayant jamais renoncé à ses convictions initiales, mais cherchant disque après disque à affiner son propos, à travers, notamment, un son de plus en plus carré. D’où le recrutement du producteur Dave Fridmann (Mercury Rev, Flaming Lips), justement reconnu pour son travail de calibrage et de mise en avant des qualités intrinsèques des artistes. The fox donne le ton : derrières une déflagration initiale, Corin Tucker lâche des hululements perceptibles au milieu d’énormes breaks dont Janet Weiss tire profit afin de dynamiter un morceau déjà bien inflammable. Fridmann, connu pour son goût pour les cordes et les sons aériens, a dû en avaler son doughnut de travers.
Sur cette base, le groupe lâche ensuite le plus pop Wilderness (et sa déclaration d’intention "to have a good fight is all I ever wish"), le carrément joli Modern girl avec ses arpèges croisés, puis le puissant single Entertain. Seule infidélité aux canons du groupe : les onze minutes de Let’s call it love, alors que Sleater-Kinney avait toujours eu l’habitude de tout dire en trois-quatre minutes. Peut-être poussées par le vent de l’expérimentation, les trois filles ont-elles voulu tenter une "Electrelane" ? Pas forcément leur meilleur choix. Mais The woods ne saurait se cacher derrière cet arbre, alors qu’il regorge de chansons à la sève bouillonnante et à l’écorce on ne peut plus solide.
The woods, Sleater-Kinney (Sub Pop/Chronowax)
Tracklisting :
1 The fox
2 Wilderness
3 What’s mine is yours
4 Jumpers
5 Modern girl
6 Entertain
7 Rollercoaster
8 Steep air
9 Let’s call it love
10 Night light
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