The isle

Tout d’abord, quelques éléments biographiques. World Standard, c’est le Japonais Sohichiro Suzuki, que l’on peut croiser depuis plus d’une dizaine d’années maintenant sur la scène "musique improvisée", à travers divers projets et identités. Wechsel Garland, c’est l’Allemand Jörg Follert, auteur déjà de deux albums pour le compte des labels berlinois Morr Music et Karaoke Kalk. The isle est leur première collaboration, et a ceci de particulier que les deux artistes n’ont travaillé ensemble que sur le seul morceau The isle, précisément. Pour le reste, ils se sont partagés le travail (sept morceaux chacun), après s’être mis d’accord sur le postulat de départ : créer une musique instrumentale réminiscente d’une île perdue et magnifique. Seul Wechsel Garland a dérogé à la règle, pour chanter en allemand sur The harbour, donnant ainsi comme un point d’ancrage à l’histoire.

Pour le reste, The isle est beau et calme comme une soirée d’été ; des instruments exotiques (marimba, ukulele) se posent sur des rythmiques flottantes (xylophone, congas), ou se mêlent à une guitare sèche ou à un piano (le magnifique morceau d’ouverture Donde lion wine). Point d’orgue du disque, le délicat Atoll cumule toutes les forces de cette musique unique, et emporte définitivement l’auditeur sur l’île imaginaire de son choix.

Disque modeste, The isle est une réussite d’autant plus flagrante qu’il n’a besoin d’aucun avatar technologique pour fonctionner, et confirme une nouvelle fois que l’avenir de la musique instrumentale n’est sans doute plus à chercher du côté électronique. Et, accessoirement, The isle fournit la pièce manquante à "la playlist de la sérénité" concoctée par Nicole Maïon.