Le 5 août 2016
Parcimonieuse dans ses publications mais dynamique, la maison d’édition a mis en valeur des auteurs de talent, comme Christopher Hittinger, avec des publications de qualité, dans la lignée de la revue Turkey Comix.
Le quatrième volet de l’été indé s’arrête sur The Hoochie Coochie !
Si la maison d’édition naît officiellement en 2004, le projet qui donne naissance à The Hoochie Coochie prend vie dès 2002, autour du fanzine Turkey Comix, porté par Tarabiscouille et Gautier Ducatez (dit Gotpower), bientôt rejoint par Anne-Laure Courtès et Olivier Philipponneau. L’identité de la maison d’édition se construit autour de la revue, qui publie 7 numéro en 12 mois, et met en valeur une douzaine d’auteurs. D’abord éditée de manière sommaire, la revue est techniquement montée en gamme, et l’exigence liée à la qualité des publications augmente.
Couverture du 20e numéro de Turkey Comix. La revue compte actuellement 24 numéros.
Les deux premiers livres édités par The Hoochie Coochie, Vous faites bien d’enterrer vos morts de Freddo et Baston de Rue de Gotpower, paraissent en 2004. Ces premières publications se font à compte d’auteurs et comptent un faible tirage ; toutefois la maison se professionnalise progressivement avec l’augmentation des tirages. The Hoochie Coochie devient un éditeur remarqué en 2008, lorsque Turkey Comix obtient le prix de la bande dessinée alternative au festival d’Angoulême, puis lorsque Les Déserteurs de Christophe Hittinger obtient de bons chiffres de ventes.
The Hoochie Coochie édite aujourd’hui aussi bien de jeunes talents que des auteurs confirmés et reconnus, comme Alex Baladi (Renégat) ou Nicolas Presl (Le fils de l’ours père), deux livres sur lesquels nous reviendrons. L’utilisation de la linogravure dans les premières publications de Turkey Comix a donné une identité graphique à la maison d’édition, associée à un certain savoir-faire qu’elle tient à conserver dans ses nouvelles publications.
Auteurs & ouvrages à ne pas manquer !
The Hoochie Coochie fait le choix, à contre-courant de la doxa productiviste, de ne publier que 4 à 6 ouvrages par an, par économie de moyen et souci de qualité éditoriale. C’est pour cette raison que nous n’allons pas insister cette fois-ci sur le calendrier éditorial de la rentrée d’une maison d’édition aussi parcimonieuse dans ses publications, pour nous concentrer sur quelques ouvrages majeurs parus récemment, qui ont été remarqués par la critique pour leur qualité graphique et narrative.
Illustration issue des Déserteurs. Source : site de l’auteur.
Le nom de Christopher Hittinger ressort rapidement lorsque l’on explore le beau catalogue de The Hoochie Coochie. Cet auteur franco-américain a publié tous ses ouvrages chez cet éditeur. Et ses ouvrages sont remarquables. Arrêtons-nous sur deux d’entre eux. Les Déserteurs , d’abord, raconte dans un format à l’italienne (33x23cm) l’histoire de trois esclaves qui s’enfuient de leurs geôles syriennes au IVe siècle apr. J-C., à l’époque de l’empire romain. Le dessin, exclusivement en noir et blanc, est simple et épuré, avec de petits personnages. L’ouvrage est à l’origine le projet de diplôme de fin d’études en arts graphiques de l’auteur, comme il l’explique sur son site. Un livre hors-normes, qui fait voyager et montre tout le potentiel du 9e art.
Couverture de Truckee Lake, dernier ouvrage de Huttinger paru en 2016.
Le dernier ouvrage de Hittinger, Truckee Lake , est tout aussi passionnant : l’histoire traite de l’expédition Donner (1846) vers le Grand Ouest américain. 81 pionniers partent s’installer dans un espace encore sauvage. L’histoire et le dessin sont à hauteur d’hommes pour nous raconter une véritable épopée, dans la continuité d’un autre western écrit par l’auteur, Jamestown.
Couverture de Renégat, de Baladi.
Avec Renégat , Baladi questionne un mythe bien identifié par le public : le pirate. Un pirate renégat, chrétien converti à l’islam, raconte son histoire à un écrivain à la recherche de récit sensationnel. La réalité du quotidien de pirate, sorte de « prolétaire des mers », est loin des attentes de l’écrivain. Baladi en profite pour mettre en évidence les stéréotypes de toute histoire de pirates : monstres marins, trésor, vie trépidante, etc. A travers le format du témoignage, l’histoire traite également du rapport à la vérité. Le dessin, très juste, renforce l’onirisme du récit.
Couverture de l’ouvrage de Nicolas Presl, Le fils de l’ours père
Nicolas Presl conçoit un récit muet avec Le fils de l’ours père . Un chasseur fait la rencontre d’un ourson, dont il est contraint de tuer la mère qui l’attaque, jugeant son petit menacé par cet homme. Le chasseur adopte l’ourson, qui grandit et devient savant. Le chasseur devient montreur d’ours, et connaît un certain succès jusqu’au jour où l’animal arrache d’un coup de patte l’oreille d’un enfant. L’ours est amputé d’une patte, le montreur passe quelques temps en prison. Sa femme, déboussolée, trouve un réconfort entre les pattes de l’animal, et de cet adultère zoophile naîtra une progéniture... Une histoire prenante, avec une identité graphique très forte.
Tous les ouvrages du catalogue de l’éditeur sont disponibles à la commande sur le site internet https://www.thehoochiecoochie.com. Vous pourrez également consulter la liste des libraires qui diffusent les ouvrages de la maison d’édition.
Galerie Photos
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