Le 22 septembre 2021
- Réalisateur : Masahiro Shinoda
- Acteurs : Gō Katō, Tsutomu Yamazaki, Kōji Nambara, Hisashi Igawa, Tamasaburō Bandō
- Titre original : 夜叉ケ池 [Yashagaike]
- Distributeur : Carlotta Films
- Genre : Drame, Fantastique
- Nationalité : Japonais
- Date de sortie : 22 septembre 2021
- Durée : 2h04mn
- Titre original : 夜叉ケ池 [Yashagaike]
- Date télé : 18 novembre 2024 22:34
- Chaîne : Ciné+ Classic
Jusqu’alors inédit sur les écrans français, L’étang du démon est à la fois une histoire d’amour tragique, un drame fantastique qui revient aux racines du Japon et une fantasmagorie théâtrale à voir de préférence en salles.
– Année de production : 1979
Résumé : Province d’Echizen, été 1913. En route vers Kyoto, le professeur Yamasawa traverse un village frappé par la sécheresse, perdu au milieu des montagnes. À proximité se trouve l’étang du démon, objet de superstitions de la part des habitants. En effet, si la cloche du village ne sonne pas quotidiennement, le dragon retenu au fond de l’eau serait libéré et provoquerait un déluge mortel. L’arrivée de Yamasawa chez Akira et Yuri, le couple chargé de faire respecter cette tradition immuable, va bientôt mettre en péril cet équilibre…
Critique : Ancien assistant réalisateur de Yasujirō Ozu, sélectionné à trois reprises en Compétition Officielle au Festival de Cannes, Masahiro Shinoda reste cependant moins connu en France que les autres cinéastes de la Nouvelle vague japonaise, dont il fut pourtant un pionnier : le public français ne l’a redécouvert que lors de la reprise, déjà par Carlotta Films, du film Silence en parallèle du remake de Martin Scorsese. La nouvelle sortie de L’étang du démon nous offre donc l’occasion de découvrir une autre facette de son cinéma, celle consacrée aux mythes et légendes du Japon.
- © 1979/2021 Shochiku Co., Ltd. - Tous droits réservés
Présentée dans la sélection Cannes Classics 2021, la version restaurée en 4K que nous propose aujourd’hui Carlotta Films a été réalisée par les studios Shōchiku sous la supervision de Shinoda et de l’acteur principal : elle redonne tout son éclat à cette adaptation d’une pièce de théâtre kabuki d’Izumi Kyōka, écrivain du début du XXe siècle à qui l’on doit des œuvres fantastiques souvent construites autour de figures de femmes démons.
Or, comme Kon Ichikawa dans La vengeance d’un acteur, Shinoda a tenu à rester fidèle à son matériau d’origine en mettant en scène un onnagata, un acteur interprétant des rôles de femmes, et plus précisément l’un des plus célèbres du kabuki contemporain, Tamasaburō Bandō V, qui interprète les deux rôles féminins principaux, totalement opposés, la fragile Yuri et la princesse démon Shurayuki.
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Mais le cinéaste a aussi et surtout réalisé un long-métrage crépusculaire : non seulement parce que son film se déroule entre chien et loup, mais aussi parce son action se situe dans le contexte d’une époque, l’ère Taishō, où les croyances ancestrales nippones se sont retrouvées confrontées au rationalisme occidental, ainsi qu’en témoignent les deux personnages principaux, Yamasawa, professeur de botanique à l’accoutrement colonial, et Akira, homme de lettres au vêtement traditionnel.
Mais le long-métrage se trouve aussi et surtout à la lisière entre deux univers : d’un côté, le Japon réel qui, ne croyant plus au folklore local, est filmé de manière naturaliste et offre l’occasion à Shinoda d’introduire une critique de la corruption des hommes politiques ; de l’autre, le monde des créatures fantastiques, kamis et yokais, qui est, pour sa part, beaucoup plus théâtral et reprend les codes du kabuki, avec sa lumière saturée, ses couleurs surnaturelles et ses plans tournés en studio comme sur une manière de scène.
- © 1979/2021 Shochiku Co., Ltd. - Tous droits réservés
Dans ces séquences surréelles, le maquillage est volontiers outré, les décors en carton-pâte, les effets spéciaux sont des maquettes et des surimpressions de pellicule, comme si l’artifice se désignait avec ostentation comme tel. Et, tandis que s’ébrouent hommes-crabes et poissons-chats, la musique de Tomita Isao nous laisse entendre une adaptation au synthétiseur Moog du Prélude à l’après-midi d’un faune de Claude Debussy et d’Une nuit sur le Mont Chauve de Modeste Moussorgsky. Et il n’en fallait pas plus pour transporter le spectateur à la source du Japon traditionnel.
Pour ceux qui souhaiteraient voir la pièce d’origine, elle a été montée en 2015 par Keishi Nagatsuka et la mise en scène a donné lieu à une captation réalisée par Takashi Miike qui est sortie en vidéo, sous le titre de "Demon Pond", chez l’éditeur Asian Star.
Galerie Photos
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