Le 22 mai 2025
Agréable, techniquement soigné et bénéficiant du jeu d’acteur solide de Paul Mescal et Josh O’Connor, ce drame romanesque, sans doute trop classique, peut mériter le détour.


- Réalisateur : Oliver Hermanus
- Acteurs : Chris Cooper, Josh O’Connor, Paul Mescal , Molly Price
- Genre : Drame, Historique, Romance, Musical, LGBTQIA+
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 2h07mn
- Date de sortie : 14 janvier 2026
- Festival : Festival de Cannes 2025

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– Festival de Cannes 2025 : Sélection officielle, En compétition
Résumé : Pendant la Première Guerre mondiale, deux jeunes hommes, Lionel et David, entreprennent d’enregistrer les vies, les voix et la musique de leurs compatriotes américains...
- © Festival de Cannes 2025
Critique : Basé sur une nouvelle de l’écrivain Ben Shattuck, qui en a coécrit l’adaptation, The History of Sound frappe d’emblée par le classicisme de sa démarche et la tonalité tant romanesque que mélodramatique de sa structure. Le film confirme la volonté d’Oliver Hermanus de s’insérer dans le cadre rassurant du produit culturel mainstream international, après Vivre, remake english du long métrage éponyme de Kurosawa. On retrouve aussi un sujet à thématique homosexuelle, que le réalisateur avait déjà abordée, en mode plus rude, dans Beauty (Queer Palm 2011) et Moffie. Dans The History of Sound, on s’attache assez vite à des personnages répondant à des archétypes mais en même temps nuancés. Le récit, strictement linéaire, est étalé sur une quinzaine d’années, du milieu des années 1910 à la fin de la décennie suivante, avec une ellipse sur la Première Guerre mondiale, qui certes a moins concerné les États-Unis, mais a marqué au moins l’un des deux héros. Ayant grandi dans un cadre rural, Lionel se rend à Boston pour entreprendre des études de musique au Conservatoire. Là, il noue une amitié avec David, un autre étudiant avec lequel il partage sa passion pour le chant populaire et l’expression musicale. Ensemble, ils parcourent plusieurs territoires américains, missionnée par leur université, afin d’enregistrer le patrimoine des chansons locales. Leur voyage les rapproche d’autant plus que leur amitié s’est d’emblée transformée en relation amoureuse...
- © 2025 Fair Winter LLC. All Rights Reserved.
Voici l’archétype du« joli film », bien écrit, techniquement soigné, abordant un sujet noble, ayant permis la collaboration d’une équipe artistique de qualité, et interprété à la perfection. Le travail du directeur photo Alexander Dynan est particulièrement admirable, qu’il cadre les collines et plateaux du Kentucky ou qu’il mette en avant les images colorées d’une Venise inspiratrice des artistes. La réflexion sur tout un pan de la musique régionale, au sein de que l’on ne nommait pas encore la pop culture, ne pourra que ravir les cinéphiles également adeptes d’Histoire et ou de musique. Issus d’un milieu non bourgeois, et amateurs de toute forme de culture musicale, les deux amis transmettent au spectateur l’émotion de leurs expériences sonores, le film étant en outre bercé de chansons rarement entendues au cinéma. En ce sens, on peut l’apparenter à des longs métrages aussi divers que Tous les matins du monde et Whiplash. Plus convenue nous semble l’idylle amoureuse entre les deux jeunes gens.
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Certes, l’homosexualité était tabou au début du XXe siècle, mais les auteurs en montrent peu sa teneur transgressive et l’enjeu narratif du récit n’en est pas davantage enrichi. Il faut dire qu’après Maurice, Le secret de Brokeback Mountain et autres œuvres, le sujet a été abordé maintes fois et l’évolution des mœurs a placé plus haut le seuil de surprise pour le public. Par ailleurs, The History of Sound abuse un peu trop des ficelles mélodramatiques dans son dernier tiers, sans le recul d’un Douglas Sirk ou d’un Todd Haynes. Sans spoiler, nous pouvons affirmer que c’est le cas de l’épilogue qui dévoile l’un des deux protagonistes au seuil de sa vie, et découvrant une stupéfiante information : effet narratif usé, trop vu au grand écran, des Chariots de feu à The Brutalist en passant par Titanic. Ces limites sont compensées par la prestation impeccable des deux acteurs principaux. Josh O’Connor, repéré dans Seule la terre et Challengers, fait jeu égal avec Paul Mescal, découvert dans Aftersun et revu dans Sans jamais nous connaître et Gladiator II. Au final, il est permis d’effectuer un détour pour visionner ce film sans doute mineur mais agréable, en compétition officielle au Festival de Cannes 2025.