Musique et musiciens
Le 18 janvier 2021
Marielle en Sainte-Colombe et Depardieu en Marin Marais sont les interprètes de cette somptueuse œuvre d’Alain Corneau qui obtint le César du meilleur film.
- Réalisateur : Alain Corneau
- Acteurs : Gérard Depardieu, Guillaume Depardieu, Anne Brochet, Jean-Claude Dreyfus, Jean-Pierre Marielle, Myriam Boyer , Alfred Adam, Claude Sainval, Yves Gasc, Yves Lambrecht, Caroline Silhol, Carole Richert
- Genre : Drame, Biopic, Musical
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bac Films
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 23 avril 2024 22:40
- Chaîne : Paris Première
- Date de sortie : 18 décembre 1991
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Résumé : À la fin de sa vie, Marin Marais, prestigieux violiste de Louis XIV, se souvient de son apprentissage avec Monsieur de Sainte-Colombe, grand maître de la viole de gambe. Professeur austère et intransigeant, ce dernier ne va pas de main morte avec son jeune élève ainsi que ses deux filles. Suite au décès de sa femme, le virtuose a recherché en vain une perfection absolue dans son art.
Critique : Adapté du roman de Pascal Quignard qui a écrit les dialogues du film, Tous les matins du monde en a délibérément évacué les aspects politiques pour se centrer sur les rapports entre les deux hommes. La première séquence est un plan fixe de dix minutes présentant Marin Marais (Gérard Depardieu) âgé, artiste respecté de la cour royale, se remémorant la période où il fit la connaissance de Monsieur de Sainte-Colombe (Jean-Pierre Marielle), spécialiste incontesté de la viole. Le reste du récit est un flash-back linéaire au cours duquel la voix off de Marin Marais commente une partie de l’action. Le film (comme le roman) est alors le portrait saisissant d’un musicien misanthrope et intransigeant, inconsolable depuis la disparition de son épouse (Caroline Sihol), rigide dans l’éducation de ses deux filles, mais acceptant de donner régulièrement des représentations de viole auxquelles assistent des membres de la cour. Il remballe toutefois, non sans mépris, le musicien académique (Yves Gasc) et le prêtre (Jean-Claude Dreyfus), chargés de l’installer auprès du roi. Les honneurs de la noblesse ne sont pas pour Sainte-Colombe qui préfère accomplir son art dans une cabane vétuste, en rase campagne. Le film est une belle réflexion sur la transmission de l’art et ses techniques : « Monsieur, vous faites de la musique, mais vous n’êtes pas musicien », annonce-t-il définitivement à Marin Marais (interprété dans son âge jeune par Guillaume Depardieu). Le récit devient alors celui d’une admiration frustrée mais aussi d’un amour contrarié, à travers le personnage de Madeleine, la fille ainée (Anne Brochet, lumineuse), amoureuse du disciple de son père et qui finira par sombrer dans la dépression.
Tous les matins du monde permit de redécouvrir une musique baroque méconnue, incarnée par de somptueuses partitions dont La Rêveuse et La Marche pour la Cérémonie des Turcs de Marin Marais (1656-1728), ici en harmonie avec la composition de Jordi Savall. La photo d’Yves Angelo est sublime et les éclairages et cadrages tentent de retrouver l’univers de certaines compositions picturales, dans la lignée de La kermesse héroïque ou Barry Lyndon. Ces correspondances entre la musique et la peinture sont synthétisées par le personnage du peintre Baugin (Michel Bouquet), venu réaliser un tableau pour immortaliser le lieu où le spectre de Mme de Sainte-Colombe a surgi, muse fantomatique et à jamais perdue. Le film, qu’on ne saurait cantonner au genre du « produit culturel » pour mélomanes, obtint le Prix Louis Delluc. Son succès n’échappa pas aux « professionnels de la profession » qui lui accordèrent sept César dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Alain Corneau : celui-ci confirmait après Nocturne indien qu’il pouvait explorer d’autres voies que le polar. Jean-Pierre Marielle, offre ici la meilleure interprétation de sa carrière mais dut s’incliner devant Jacques Dutronc dans Van Gogh.
– Césars 1992 : Meilleur film - Meilleur réalisateur - Meilleure actrice dans un second rôle pour Anne Brochet - Meilleure musique - Meilleure photo - Meilleurs costumes - Meilleur son
– Prix Louis Delluc 1991
– National Board of Review, USA 1992 : Top Foreign Films
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